Plus de 8
millions de personnes en France aident au quotidien, un proche âgé, malade ou
invalide (source : association française des aidants : aidants.fr). Au moins 3 millions
s’occupent de leur parent âgé, dont 2/3 de femmes de 45 à 64 ans. En Isère, c’est 15 000 aidants familiaux
qui permettent à 80 % des personnes âgées de continuer à vivre chez elle. Le 6
octobre, journée qui leur est dédiée depuis 2010 est donc l’occasion de rendre
hommage à tous les Aidants Familiaux qui occupent un rôle essentiel, parfois
épuisant mais souvent invisible auprès de leurs proches.
Les aidants
interviennent à titre non professionnel pour prendre en charge une personne
dépendante (personne âgée, enfant ou adulte handicapé, malades atteints de la
maladie d’Alzheimer ou autre) dans tous les actes de la vie quotidienne. Cette
aide régulière peut être prodiguée de manière permanente ou non et peut revêtir
plusieurs formes, notamment les soins, la toilette, le ménage, les repas, le
soutien psychologique, les démarches administratives, etc.Cette aide, revêt non
seulement une dimension objective (en fonction de sa nature et de son volume
horaire) mais également une dimension subjective qui porte sur le ressenti
physique, psychologique, émotionnel et social. Parfois même, l’implication est financière. Si cette relation d’aide peut être
vécue comme une charge, elle apporte également une dimension positive :
complicité entre l’aidant et l’aidé, mise en valeur des compétences de
l’aidant, sentiment d’utilité qui renforce l’estime de soi.
La notion d’Aidant Professionnel est apparue il y a
une trentaine d’années ; non pas que cette forme de soutien n’existait pas
auparavant, mais elle n’était pas formalisée comme tel. C’est en 2005 que la
notion d’Aidant Professionnel est
apparue définissant le statut juridique de l’aidant (Article L. 245-3 du code
civil). Pour l’instant, seuls les aidants de personnes handicapées
bénéficient de ce statut.Le projet de loi sur l’adaptation de la société au
vieillissement (et qui doit repasser devant les députés le mois prochain)
prévoit de mettre en place des mesures d’accompagnement pour les aidants
salariés. Elle prévoit en outre d’accorder aux aidants un droit au répit pour
leur permettre notamment de profiter de séjours adaptés en compagnie des
personnes dépendantes qu’ils accompagnent.
La moitié
des personnes aidées en raison d’un problème de santé ou d’un handicap, âgés
entre 20 ans et 59 ans et vivant à domicile, le sont par leur conjoint, un
tiers par leur(s) parent(s), un cinquième par leur(s) enfant(s) et un cinquième
par leur(s) frère(s) et sœur(s). Plus rarement par les amis ou voisins Pour les
personnes de plus de 60 ans vivant à domicile et aidées par une personne de
leur entourage, il s’agit le plus souvent du conjoint dans un premier temps (80
% pour les personnes en couple). Avec l’avancée en âge, l’aide est
progressivement remplacée par celle des enfants. (source : ANESM :
Agence Nationale de l’Evaluation des Etablissements et services sociaux et
Médico-sociaux).
C’est parfois
une raison économique qui guide ce choix (le montant de la retraite ne permet
pas d’autre alternative). Sans compter qu’il est parfois compliqué de trouver
une place dans un établissement adéquat et proche de soi, sachant que les
délais d’attente peuvent être très longs…
Une majorité
des accompagnants sont âgés entre 45 ans et 65 ans et font partie de ceux que
l’on appelle « la génération Sandwiche », c.à.d. coincés entre des
grands enfants qui ne sont pas encore autonomes et des parents âgés qui sont de
moins en moins autonomes.
Quelles sont
les difficultés auxquelles les Aidants Familiaux se trouvent confrontés ?
Accompagner
au quotidien une personne dépendante, c’est souvent beaucoup de sacrifices bien
que l’on n’en ait pas conscience au moment où on s’engage dans cette mission.
Et il n’est pas rare que cet investissement mène jusqu’à l’épuisement, que ce
soit physique ou moral. Beaucoup d’aidants reconnaissent que le fait d’aider
affecte leur propre santé.Prendre soin de soi n’est en effet, souvent plus une
priorité, tant l’on est accaparé par l’état de santé du proche qu’on
accompagne. Les aidants trouvent donc malvenu de se plaindre et accumulent
ainsi la fatigue. Les études révèlent qu’un accompagnant sur deux est atteint
de dépression au bout de 2 à 3 ans.
Une étude
réalisée par l’APF (Association des Paralysés de France) auprès de personnes
aidant des personnes de moins de 60 ans, révèle que ce soutien représente une
charge importante en terme de volume horaire ; supérieure à 40 heures par semaine pour un
tiers des répondants, sachant que la durée moyenne d’accompagnement est
supérieure à 16 ans… Cet investissement a un effet préjudiciable sur leur
carrière professionnelle. D’ailleurs un tiers seulement exerce une activité.
Par ailleurs, 40 % des répondants déclarent avoir aménagé leur temps de travail
pour se rendre plus disponibles pour la personne aidée. Ce choix se répercute
nécessairement sur les ressources financières de l’accompagnant.
De nombreux
aidants se plaignent de l’isolement et du repli sur soi que cette situation
entraine. Cette implication auprès d’un proche n’est pas sans conséquence en
effet, sur leur vie sociale. Du fait du temps passé et de la fatigue que cela
entraine, le cercle amical et social se trouve souvent réduit, surtout si l’on
rajoute à cela, le fait que tous les lieux ne sont pas forcément accessibles
aux personnes en situation de handicap. Il n’est pas toujours facile par
ailleurs, de trouver pour l’aidant, un relais qui lui permettrait de prendre un
peu de temps pour lui. Et quand bien même, l’aidant pourrait se faire relayer,
l’aidé n’est pas toujours prêt à se laisser prendre en charge par quelqu’un d’autre.
Il ne faut pas oublier qu’en fonction de la nature de l’aide apportée
(notamment quand il s’agit de faire sa toilette ou de l’accompagner aux
toilettes), l’aidant et l’aidé se trouvent confrontés à l’intimité, parfois
difficile à gérer du fait du sentiment de pudeur de chacun. Donc, une fois la
relation de confiance établie entre les personnes, il peut être difficile pour
l’aidé de s’abandonner à d’autres mains. Conscient de cette difficulté, cela
peut générer de la culpabilité chez l’accompagnant, de devoir passer le relai à
une tierce personne.
Ce manque de
temps a aussi des répercussions sur la vie sentimentale et familiale de
l’aidant dans la mesure où il a moins de
temps à accorder à son conjoint ou ses enfants.
La place
qu’occupe l’accompagnant est parfois source de stress pour lui car cela
renforce l’inquiétude quant au devenir de l’aidé, le jour où lui-même ne sera
plus en mesure d’assumer cette charge ou s’il venait à disparaitre.
Le danger,
lorsqu’on s’occupe ainsi d’un proche, 24 h / 24 h, c’est qu’à force d’accumuler
de la fatigue, des troubles du sommeil, du stress, on ne finisse par s’épuiser
et que la tendresse laisse place peu à peu à la maltraitance.
Quelles
solutions pour accompagner les aidants et soulager leur quotidien ?
Alléger le quotidien : Avoir un projet de vie, continuer à
sortir, à travailler et prendre soin de soi est essentiel pour ne pas craquer.
L’aide à domicile par un professionnel peut constituer un soulagement :
que ce soit pour le ménage, les soins, la toilette, le portage des repas. Par
ailleurs, pourquoi ne pas faire appel à une garde itinérante de jour ou de nuit
lorsqu’on a besoin de souffler.
C’est
important de se constituer un réseau de soutien sur qui on sait que l’on peut
compter et que l’on peutsolliciter le jour où on a besoin de passer le relai.
Des services d’entraides, comme les « cafés des
aidant » voient le jour un peu partout. Actuellement, une centaine
répartis dans toute la France. Ce sont des espaces de discussion co-animés la
plupart du temps par un psychologue et un travailleur social. Leur objectif est
de rompre l’isolement des aidants, leur permettre de prendre du recul,
d’échanger des informations, de mettre des mots sur les difficultés et les
souffrances auxquels ils se trouvent confrontés.
Le réseau
« Avec nos proches » s’adresse aux personnes qui accompagnent des
personnes âgées ou malades. Leur objectif est de les mettre en contact par
téléphone (01.84.72.94.72) (avecnosproches.com) avec des parrains et des
marraines, bénévoles qui ont eux-mêmes occupé cette fonction d’aidants et qui
peuvent par conséquent, faire profiter de leur expérience.
Dans le
cadre du plan Alzheimer 2008-2012, des plateformes d’accompagnement et de répit
se mettent en place. Constituées par un coordinateur et un psychologue, elles
offrent une palette de services variés. Pour les personnes atteintes de maladie
d’Alzheimer également, le « baluchonnage », qui nous vient tout droit
du Québec est actuellement à l’état de test. Cette formule devrait permettre
aux accompagnants de passer le relai à des professionnels pendant quelques
jours ou nuits afin de leur permettre de souffler.
Pour une séparation temporaire, des structures d’accueil ont été mises
en place : soit sous la forme d’accueil de jour (une demi-journée ou une
journée une ou plusieurs fois par semaine pour permettre aux aidants de prendre
un peu de temps libre), ou d’accueil temporaire. Ces structures (rattachées à
un établissement médicalisé ou un foyer-logement en fonction de la validité)
permettent d’accueillir une personne âgée jusqu’à 4 mois par anen cas de
besoin.
Pour les
personnes handicapées, quelques (trop) rares structures d’accueil comme
Handi-répit à Créteil accueillent l’adulte ou l’enfant handicapé, seul ou
accompagné d’un proche.
Séjours vacances-répit : L’objectif est de permettre aux
aidants de profiter de séjours adaptés pour prendre du repos en compagnie des
personnes aidées, sans se séparer. Un lieu pionnier vient d’ouvrir en Touraine.
Il est dédié aux personnes de plus de 60 ans dépendantes et leur famille.
Enfin,
l’ouverture d’une première maison de répit est prévue à Lyon en 2017. Elle
permettra d’accueillir, personnes dépendantes et proches ensemble ou
séparément, de 0 à 60 ans, quel que soit le type de pathologie de 30 à 40 jours
par an.
Aides financières :
L'action sociale des caisses de retraite
- Lorsque la personne âgée n'est pas éligible à l'APA, elle peut bénéficier d'aides versées par la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) ou les Caisses de retraite complémentaire, si elle y est affiliée.
Les mesures fiscales : Comme tout contribuable, la personne âgée bénéficie d'une réduction d'impôt de 50 % pour l'emploi d'une aide à domicile, dans la limite de 1 500 EUR pour les plus de 65 ans et de 20 000 EUR pour les titulaires de la carte d'invalidité.
Chèques emplois-services universels : destinés à rémunérer une personne qui vient aider à domicile.
Congé de soutien familial (sans solde)ou congé de
solidarité familiale (rémunéré sous certaines conditions :
La journée nationale
dédiée aux aidants familiaux le 6 octobre nous permet de prendre
conscience du problème de la dépendance auquel nombre d’entre nous se trouvera
confronté un jour. C’est l’occasion de mettre en lumière leur rôle essentiel,
car sans eux, ce sont des milliers de personnes qui ne pourraient plus rester
chez elles.
Accompagner un proche en fin de vie :
Toute personne assistant un proche en phase avancée ou terminale d'une grave maladie peut bénéficier de l'allocation journalière d'accompagnement de fin de vie.
Délivrée par l'Assurance maladie, cette aide forfaitaire peut être versée pendant 21 jours pour un temps complet ou pendant 42,5 jours pour un temps partiel. Elle permet de compenser la perte de revenus liée à l'interruption momentanée de votre activité.
Pour y avoir droit, l'accompagnement doit avoir débuté à domicile ou en maison de retraite. La demande est à effectuer auprès du Centre National de l'allocation journalière d'accompagnement d'une personne en fin de vie (CNAJAP)
www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F706
Plus d'information : 0 811 701 009 (Prix appel = 0,06 euro/min)*
Accompagner un proche en fin de vie :
Toute personne assistant un proche en phase avancée ou terminale d'une grave maladie peut bénéficier de l'allocation journalière d'accompagnement de fin de vie.
Délivrée par l'Assurance maladie, cette aide forfaitaire peut être versée pendant 21 jours pour un temps complet ou pendant 42,5 jours pour un temps partiel. Elle permet de compenser la perte de revenus liée à l'interruption momentanée de votre activité.
Pour y avoir droit, l'accompagnement doit avoir débuté à domicile ou en maison de retraite. La demande est à effectuer auprès du Centre National de l'allocation journalière d'accompagnement d'une personne en fin de vie (CNAJAP)
www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F706
Plus d'information : 0 811 701 009 (Prix appel = 0,06 euro/min)*
Articles qui peuvent vous intéresser :
- «Le voleur
de brosse à dents » - Eglantine Emeyé – Robert Laffont
– 2015 – 288 p – 20 €
- « Accompagner
un parent dépendant » - J-yvesRevault – Ed° Jouvence –
2015 – 128 p – 14,50 €
- « Le guide de l’aidant familial »
- Diffusé par la Direction Générale de l’Action Sociale. Téléchargeable
sur internet au format pdf. (www.travail-emploi-santé.gouv.fr)
- Association : www.aidants.fr
Ne manquez pas :
Mardi 14 janvier 2015
Émission toute une histoire - France 2 : "Dépendance : pour prendre soin d'un proche, ils ont mis leur vie entre parenthèses" -
Mardi 3 novembre 2015 à 20 h 40 sur FRANCE 5 :
Magazine Enquête de Santé : Documentaire - "Aider un proche jusqu'à l'épuisement".
Durée : 100 mn.
Mercredi 21 septembre 2016 : Film : "La vie à l'envers" qui met bien en lumière la place des "aidants familiaux". Ce film diffusé à 20 h 55 sur France 2 ( 90 mn) sera suivi d'un débat sur la maladie d'Alzheimer.-
"
ANNEXES :
Mesures spécifiques
concernant le département de l’Isère
Pour soulager les aidants, le Conseil Général de l’Isère mise sur la création de places
d’hébergement et d’accueil de jour dans des établissements : hébergement
temporaire = 133 places, accueil de jour = 172 places. (source : Isère
Magazine – déc. 2011).
Des conférences, organisées par le Conseil Général et
animées par des professionnels ont pour objectif d’informer les aidants sur
des problématiques variées.
- France
Isère Alzheimer : aide et
soutien de proximité. Activités proposées pour la personne dépendante et
son proche. L’association organise également des formations gratuites avec
un psychologue et un bénévole (lui-même aidant
familial) pour permettre à l’aidant de mieux
connaitre la maladie et les besoins de l’aidé. (Contact :
04.76.43.18.19) (www.francealzheimer-isere.org)
- Centre de
prévention des Alpes :
Plusieurs formes d’accompagnements destinés aux aidants sous la
forme d’aides individuelles ou collectives. (Contact :
04.76.03.24.95)
- Maison
Départementale de l’Autonomie : Permet de
s’informer sur tout ce qui existe en Isère : aides, structures
permettant de prendre du répit, informations utiles pour faire une demande
d’aide financière, etc. (www.mda38.fr)
- Cafés des aidants : à Grenoble, Lumbin, St Marcellin, Vinay, Vézeronce-Curtin, Plateau du Vercors. (Pour toute information, contacter : 04.38.12.48.96)
- Revue L’ECOLE DES PARENTS - Novembre/décembre 2015 - N°617 - Dossier « Soutenir les aidants familiaux »
- Le département de l'Isère met en place une formation gratuite pour les aidants familiaux dans le territoire du Grésivaudan. Celle-ci aura lieu à Pontcharra le jeudi après-midi entre novembre 2016 et janvier 2017.
- Contact : Service autonomie du Grésivaudan : 04.56.58.16.41 (www.aidants.fr)
- Par ailleurs, l'Association Française des Aidants propose depuis Septembre 2017, une formation à distance, entièrement gratuite, dédiée aux aidants actifs ou retraités :
- www.formation.aidants.fr
- Cette formation est composée de 6 modules de 30 mn grâce auxquels vous aborderez, en toute liberté et à votre rythme, les thématiques suivantes :
- * Quand la maladie, le handicap ou la dépendance s'immisce dans la relation au proche
- * Etre aidant : une posture, des besoins, des attentes et des limites
- * La relation au quotidien avec un proche
- * Trouver sa place avec les professionnels
- * Comment s'y prendre avec un proche pour les gestes de la vie quotidienne ?
- * Comment concilier sa vie d'aidant avec sa vie professionnelle et sociale ?
Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble