En fondant une famille, nous avons tous en tête notre idéal
de « Famille Ricoré » ou de « Petite Maison dans la
Prairie ». A chacun sa référence…
Cependant, à l’heure où plus d’un mariage sur trois en
France, se solde par un divorce, quand la relation commence à battre
sérieusement de l’aile, faut-il mieux mettre fin à cette histoire avec la
crainte de traumatiser les enfants ou maintenir la relation coûte que coûte
pour leur épargner la souffrance d’une séparation ?
Les raisons de ne pas se séparer quand la mésentente
s’installe sont nombreuses, bien que, comme le souligne Jean-Claude Kaufman,
sociologue, « les couples restent ensemble en partie pour les
enfants ». Bon nombre craignent de remettre en question les habitudes de
vie et la facilité du quotidien dans lesquelles ils se trouvent engagés. Pour
certains, il est inconcevable de divorcer. Cela entre en conflit avec l’image
traditionnelle familiale. Pour peu qu’ils soient eux-mêmes issus d’un couple de
parents divorcés et qu’ils aient souffert de cette situation, la tentation est
grande de ne pas vouloir faire subir à leurs enfants ce qu’ils ont eux-mêmes
enduré. Par ailleurs, se séparer c’est s’exposer parfois à des difficultés
financières. Or, on ne souhaite pas, qu’en plus du traumatisme de la séparation
infligée aux enfants (et à la culpabilité que cela génère), ils ne pâtissent de
la dégradation du niveau de vie consécutive à cette situation. Le choix de
rester s’explique aussi par la crainte de moins voir ses enfants ou au
contraire, de devoir les assumer
seul(e).
Mais si l’on creuse un peu, on peut s’apercevoir que l’on
projette parfois sur ses enfants, sa propre crainte de la séparation et le fait
de devoir se prendre en charge et s’assumer seul(e). Cela nous renvoie à notre
manque d’autonomie affective.
Pour toutes ces bonnes raisons, on peut être tenté de
nourrir l’espoir que les choses s’arrangeront un jour ou que l’on va pouvoir
composer avec la situation.
Même si l’on ne peut sous-estimer la souffrance que
représente pour les enfants, la séparation de leurs parents, faire le choix de
rester ensemble alors qu’on n’est plus heureux est un sacrifice qui a un prix.
Tout d’abord, il faut savoir que quoi que vous fassiez pour
tenter de dissimuler la mésentente et le conflit face aux enfants, ceux-ci sont
dotés d’un sixième sens qui fait qu’ils perçoivent que vous n’êtes pas heureux
ensemble. Sauf qu’ils n’ont pas les éléments, et encore moins la maturité pour
comprendre ce qui se joue entre vous. Lorsqu’ils ressentent le conflit qui vous
anime (et ceci est particulièrement vrai pour les enfants en bas âge), ils
pensent qu’ils en sont responsables. Pour peu qu’il leur apparaît clairement
que si vous restez ensemble c’est pour (ou à cause d’) eux c’est leur faire
porter la responsabilité de votre propre malheur. Ils portent cette culpabilité
et en viennent à penser que s’ils n’étaient pas là, vous seriez sans doute plus
heureux.
S’ils sont amenés à vivre dans un climat conflictuel
permanent, cela peut très vite devenir très épuisant pour eux. Certains
témoignent parfois apostériori que même si la séparation de leurs parents a été
une épreuve pour eux, ils regrettent qu’elle n’ait pas eu lieu plus tôt.
Pour autant, il peut être tentant de décider de poursuivre
la vie commune en faisant tout pour sauver les apparences. Mais l’indifférence,
les infidélités, les conflits récurrents, etc sont impossibles à dissimuler.
L’absence de sentiments finit toujours par transpirer. Et les faux-semblants
entérinent le mensonge. N’oubliez pas que le plus important pour les enfants
c’est que leurs parents aient une attitude juste et cohérente entre ce qu’ils
affirment ou les actes qu’ils posent, et
les sentiments profonds qui se dégagent. Sans quoi, on prend le risque de leur
renvoyer une image faussée de la vie de couple. C’est en tous les cas, leur
renvoyer à coup sûr une piètre image de l’amour. Sur le plan de
l’identification, cela risque de ne pas être sans conséquences sur leur vie future
d’homme et de femme.
Se séparer n’est jamais simple et s’avère même souvent très
culpabilisant lorsqu’on a des enfants.
Tous les couples traversent des périodes de crises. Mais
quand le lien est dégradé au point que, poursuivre la vie commune se vide de
son sens, maintenir la relation à tout prix, pour protéger les enfants, est
leur faire porter une lourde responsabilité.
Si la décision de partir ou rester est trop difficile à
prendre, l’intervention d’un professionnel de la relation de couple peut être
utile pour vous aider à mûrir ce choix jusqu’à pouvoir poser les actes qui vous
sembleront justes et adaptés à votre situation : soit dans le sens de la
poursuite de la vie commune, soit dans le sens d’une séparation ; mais
dans les deux cas, en ayant le souci d’épargner les enfants en les maintenant à
leur place d’enfant, non impliqués dans le conflit de leurs parents.
Séances individuelles et de couple par téléphone ou visioconférence.
Séances individuelles et de couple par téléphone ou visioconférence.
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Pour aller plus loin, si ce sujet vous intéresse :
- « Vérité ou conséquences : oser l’authenticité,envers soi, en couple et en famille » - Marc Pistorio (Psychologue clinicien et médiateur) – Edition de l’Homme – 2008 – 272 p – 19 € - Disponible en format Poche (Marabout : 6 €)