mercredi 28 octobre 2015

Rester ensemble pour les enfants ?

En fondant une famille, nous avons tous en tête notre idéal de « Famille Ricoré » ou de « Petite Maison dans la Prairie ». A chacun sa référence…
Cependant, à l’heure où plus d’un mariage sur trois en France, se solde par un divorce, quand la relation commence à battre sérieusement de l’aile, faut-il mieux mettre fin à cette histoire avec la crainte de traumatiser les enfants ou maintenir la relation coûte que coûte pour leur épargner la souffrance d’une séparation ?

Les raisons de ne pas se séparer quand la mésentente s’installe sont nombreuses, bien que, comme le souligne Jean-Claude Kaufman, sociologue, « les couples restent ensemble en partie pour les enfants ». Bon nombre craignent de remettre en question les habitudes de vie et la facilité du quotidien dans lesquelles ils se trouvent engagés. Pour certains, il est inconcevable de divorcer. Cela entre en conflit avec l’image traditionnelle familiale. Pour peu qu’ils soient eux-mêmes issus d’un couple de parents divorcés et qu’ils aient souffert de cette situation, la tentation est grande de ne pas vouloir faire subir à leurs enfants ce qu’ils ont eux-mêmes enduré. Par ailleurs, se séparer c’est s’exposer parfois à des difficultés financières. Or, on ne souhaite pas, qu’en plus du traumatisme de la séparation infligée aux enfants (et à la culpabilité que cela génère), ils ne pâtissent de la dégradation du niveau de vie consécutive à cette situation. Le choix de rester s’explique aussi par la crainte de moins voir ses enfants ou au contraire,  de devoir les assumer seul(e).

Mais si l’on creuse un peu, on peut s’apercevoir que l’on projette parfois sur ses enfants, sa propre crainte de la séparation et le fait de devoir se prendre en charge et s’assumer seul(e). Cela nous renvoie à notre manque d’autonomie affective.
Pour toutes ces bonnes raisons, on peut être tenté de nourrir l’espoir que les choses s’arrangeront un jour ou que l’on va pouvoir composer avec la situation.
Même si l’on ne peut sous-estimer la souffrance que représente pour les enfants, la séparation de leurs parents, faire le choix de rester ensemble alors qu’on n’est plus heureux est un sacrifice qui a un prix.

Tout d’abord, il faut savoir que quoi que vous fassiez pour tenter de dissimuler la mésentente et le conflit face aux enfants, ceux-ci sont dotés d’un sixième sens qui fait qu’ils perçoivent que vous n’êtes pas heureux ensemble. Sauf qu’ils n’ont pas les éléments, et encore moins la maturité pour comprendre ce qui se joue entre vous. Lorsqu’ils ressentent le conflit qui vous anime (et ceci est particulièrement vrai pour les enfants en bas âge), ils pensent qu’ils en sont responsables. Pour peu qu’il leur apparaît clairement que si vous restez ensemble c’est pour (ou à cause d’) eux c’est leur faire porter la responsabilité de votre propre malheur. Ils portent cette culpabilité et en viennent à penser que s’ils n’étaient pas là, vous seriez sans doute plus heureux.
S’ils sont amenés à vivre dans un climat conflictuel permanent, cela peut très vite devenir très épuisant pour eux. Certains témoignent parfois apostériori que même si la séparation de leurs parents a été une épreuve pour eux, ils regrettent qu’elle n’ait pas eu lieu plus tôt.

Pour autant, il peut être tentant de décider de poursuivre la vie commune en faisant tout pour sauver les apparences. Mais l’indifférence, les infidélités, les conflits récurrents, etc sont impossibles à dissimuler. L’absence de sentiments finit toujours par transpirer. Et les faux-semblants entérinent le mensonge. N’oubliez pas que le plus important pour les enfants c’est que leurs parents aient une attitude juste et cohérente entre ce qu’ils affirment ou les actes qu’ils posent,  et les sentiments profonds qui se dégagent. Sans quoi, on prend le risque de leur renvoyer une image faussée de la vie de couple. C’est en tous les cas, leur renvoyer à coup sûr une piètre image de l’amour. Sur le plan de l’identification, cela risque de ne pas être sans conséquences sur leur vie future d’homme et de femme.

Se séparer n’est jamais simple et s’avère même souvent très culpabilisant lorsqu’on a des enfants.
Tous les couples traversent des périodes de crises. Mais quand le lien est dégradé au point que, poursuivre la vie commune se vide de son sens, maintenir la relation à tout prix, pour protéger les enfants, est leur faire porter une lourde responsabilité.

Si la décision de partir ou rester est trop difficile à prendre, l’intervention d’un professionnel de la relation de couple peut être utile pour vous aider à mûrir ce choix jusqu’à pouvoir poser les actes qui vous sembleront justes et adaptés à votre situation : soit dans le sens de la poursuite de la vie commune, soit dans le sens d’une séparation ; mais dans les deux cas, en ayant le souci d’épargner les enfants en les maintenant à leur place d’enfant, non impliqués dans le conflit de leurs parents.

Séances individuelles et de couple par téléphone ou visioconférence.

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