jeudi 30 octobre 2014

Les disputes dans le couple

Peut-on imaginer que deux individualités formant couple, puissent au nom de l’amour, ne jamais connaître de conflits d’intérêts ou d’opinions ? En somme, ne jamais se disputer ?
Cela semble quelque peu utopique. Et pas certain au fond que ce soit vraiment souhaitable…
Les conflits, les disputes naissent du quotidien. Donc dès lors que l’on partage son quotidien avec l’être aimé(e), difficile d’y échapper.


Notre besoin de préserver notre territoire et d’affirmer notre autonomie et notre personnalité sont souvent à l’origine de la lutte des pouvoirs qui déclenchent les disputes.
Pour autant, n’allez pas imaginer que de passer sous silence toutes nos frustrations nous prémunirait du conflit. Bien au contraire. L’accumulation nocive des non-dits et des ressentiments ne ferait que nourrir la rancœur. Et le temps n’arrange pas les choses dans ce domaine. Rien ne se  règle tout seul. En laissant couver toutes nos frustrations sous la braise, on risque le coup de grisou, le jour où l’on n’est plus en capacité de tout contenir.

S’il vaut mieux aborder les problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent en évitant de les différer, il y va de l’intérêt de chacun que vous puissiez discuter sans heurts des sujets sensibles. Et cela n’a rien d’évident. Comment faire la part des choses entre une discussion un peu animée et une dispute, voire une dispute violente menant à l’impasse et dont le seul bénéfice aura été de se défouler sur son (sa) partenaire.
Bien souvent quand l’objet de la discussion évolue en conflit, c’est que l’on a le sentiment de ne pas être entendu(e) ou de ne pas être pris(e) en considération. Quand l’égo de chacun est mis à mal, on tente le tout pour le tout. Et c’est la surenchère de décibels, voire de paroles blessantes pour tenter de se faire entendre ou comprendre à tout prix.

Pour éviter de « lâcher les chevaux », sachez repérer les contextes où la discussion qui vous oppose a toutes les chances de dégénérer vers un conflit où au final, rien ne sera résolu.

Parfois, ce n’est tout simplement pas le bon moment. Après une journée de travail harassante ou une contrariété par exemple, on se doute bien que l’autre (ou soi-même) n’est pas forcément dans de bonnes dispositions pour aborder un sujet que l’on sait sensible.

Quels sont à propos, les sujets sensibles, récurrents s’il en est sur lesquels à peu près tous les couples s’affrontent ?

Parmi les sujets rédhibitoires évoqués dans l’intimité du cabinet de la Conseillère Conjugale, on retrouve bien souvent en ligne de mire : les tâches ménagères, l’éducation des enfants, l’argent, la sexualité, la belle-famille (eh oui…), le travail et les loisirs. Mais cette liste n’est pas exhaustive !

Certaines situations sont plus propices à déclencher des conflits à la moindre étincelle : que ce soit des périodes où l’on est particulièrement fatigué ou vulnérable : à la suite d’une maladie, au moment de l’arrivée d’un enfant dans le foyer, suite à la perte d’emploi, etc.

A chacun de prendre en compte ces contextes particuliers ou tout simplement de choisir le bon moment pour aborder des sujets que l’on sait périlleux.
Attention toutefois, si parmi les sujets de disputes, certains sont particulièrement redondants et que la situation n’évolue guère, c’est peut-être le signe que le problème est plus profond qu’il n’y parait ou que c’est peut-être l’arbre qui cache la forêt…
Savoir repérer les moments où soi-même ou notre partenaire n’est pas très enclin à la discussion, permet de prendre les devants en évitant de ramener sur la table des sujets dont on sait pertinemment qu’ils seront prompts à dégénérer. Il est en effet beaucoup plus simple de désamorcer directement une dispute en refusant de renchérir que de chercher ensuite les moyens d’en sortir… Tout l’enjeu est alors de réagir tant qu’il en est encore temps.

Comment procéder quand la discussion s’envenime ?

Quand ce qui n’était au départ qu’une simple discussion, prend une tournure houleuse, que la situation est en train d’échapper à tout contrôle au point où on pourrait être amené à regretter nos débordements, il est toujours temps de mettre un STOP. Chacun a à tout moment le pouvoir de ne pas renchérir et de proposer de reprendre la discussion à froid quand vous serez dans de meilleures dispositions, si vous estimez que ce n’est pas le moment opportun.

Mais une fois le processus enclenché, on peut aussi s’efforcer de ramener la conversation sur une base plus saine. Il ne faut pas perdre de vue qu’il en va de l’intérêt de chacun à ce qu’un compromis émerge de cette dispute. L’objectif est bel et bien de sortir de l’opposition pour chercher comment résoudre ensemble le problème de la manière la plus satisfaisante pour chacun.
Pour cela, il est bon d’essayer de mettre en application quelques règles.
  •          Première règle fondamentale s’il en est : se parler avec Respect. Ce qui signifie : ne pas se couper la parole, ne pas s’insulter et ne pas proférer volontairement des paroles blessantes.
  •          S’efforcer de rester centrés sur le sujet du désaccord. Attention,  il est très facile, une fois que le feu a pris, de le laisser se propager et de faire feu de tout bois avec tout ce qui vous passera par la tête et qui n’aura pas été réglé en temps et en heure. Et comme vous êtes le(la) mieux placé(e) pour connaître les points vulnérables de l’autre, il peut être tentant de frapper là où vous savez que ça va faire mal.
  •          S’exprimer toujours en son propre nom : JE. Parler de soi, de ses émotions, de ses ressentis, plutôt qu’en utilisant le TU qui a pour effet d’être dans le jugement des paroles ou des actes de l’autre. En s’adressant à l’autre sous la forme du TU, le seul effet serait de le rabaisser et risquer de remettre de l’huile sur le feu.
  •          Essayer de formuler positivement vos injonctions.
  •          Eviter d’élever la voix. Inutile en effet de crier pour se faire entendre. Vous serez d’autant plus convaincant que vous saurez garder votre calme.
  •          Se décentrer de soi…autant que faire se peut. Sortir de la justification pour se centrer sur le ressenti de l’autre en étant à son écoute.

Si vous parvenez à mettre en pratique ces différents points, il y a fort à parier que vous ressortirez grandi(e) de vos disputes.
L’objectif est de décider de mettre ce mode opératoire en place, même si vous n’y parvenez pas à tous les coups. L’important c’est de s’y employer.

Si la dispute n’a pas abouti à un compromis, il est important de reprendre l’objet de la discorde à froid, une fois la colère retombée ; pas dans l’objectif de ressortir la hache de guerre mais bel et bien pour trouver un terrain d’entente et éviter ainsi que l’objet de la dispute ne revienne comme un boomerang au moment où l’on s’y attend le moins.
Pour bien se réconcilier, il faut s’efforcer de comprendre ce qui nous a mis dans cet état et faire son autocritique. Cela demandera de faire profil-bas, et même de s’excuser. Certes, cette figure de style exige de mettre son orgueil dans sa poche, exercice plus ou moins périlleux pour certains…Mais comme faire le premier pas n’a jamais tué personne, peut-être est-ce le moment de se lancer ?

Quoiqu’il en soit, vous n’éviterez pas les disputes au sein de votre couple.

Sachez alors en faire bon usage.

Mieux vaut une bonne dispute que plus de dialogue du tout.

Pour que vos disputes soient bénéfiques, il faut que vous soyez en capacité, d’une part, de vous arrêter à temps, d’autre part, d’en tirer des enseignements utiles.

Si à l’issue de la dispute, une solution est trouvée pour dépasser la crise, c’est votre relation qui s’en trouvera renforcée.
Et pour aller plus loin si ce sujet vous intéresse :
« Comment bien se disputer en couple ? » – Carolle et Serge Vidal-Graf – Psychothérapeutes – Edition Jouvence – 2012 – 144 p – 8 €



Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble

cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48