Peut-on
imaginer que deux individualités formant couple, puissent au nom de l’amour, ne
jamais connaître de conflits d’intérêts ou d’opinions ? En somme, ne
jamais se disputer ?
Cela semble
quelque peu utopique. Et pas certain au fond que ce soit vraiment souhaitable…
Les
conflits, les disputes naissent du quotidien. Donc dès lors que l’on partage
son quotidien avec l’être aimé(e), difficile d’y échapper.
Notre besoin
de préserver notre territoire et d’affirmer notre autonomie et notre
personnalité sont souvent à l’origine de la lutte des pouvoirs qui déclenchent
les disputes.
Pour autant,
n’allez pas imaginer que de passer sous silence toutes nos frustrations nous
prémunirait du conflit. Bien au contraire. L’accumulation nocive des non-dits
et des ressentiments ne ferait que nourrir la rancœur. Et le temps n’arrange
pas les choses dans ce domaine. Rien ne se
règle tout seul. En laissant couver toutes nos frustrations sous la
braise, on risque le coup de grisou, le jour où l’on n’est plus en capacité de
tout contenir.
S’il vaut
mieux aborder les problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent en évitant
de les différer, il y va de l’intérêt de chacun que vous puissiez discuter sans
heurts des sujets sensibles. Et cela n’a rien d’évident. Comment faire la part
des choses entre une discussion un peu animée et une dispute, voire une dispute
violente menant à l’impasse et dont le seul bénéfice aura été de se défouler
sur son (sa) partenaire.
Bien souvent
quand l’objet de la discussion évolue en conflit, c’est que l’on a le sentiment
de ne pas être entendu(e) ou de ne pas être pris(e) en considération. Quand
l’égo de chacun est mis à mal, on tente le tout pour le tout. Et c’est la
surenchère de décibels, voire de paroles blessantes pour tenter de se faire
entendre ou comprendre à tout prix.
Pour éviter
de « lâcher les chevaux », sachez repérer les contextes où la
discussion qui vous oppose a toutes les chances de dégénérer vers un conflit où
au final, rien ne sera résolu.
Parfois, ce
n’est tout simplement pas le bon moment. Après une journée de travail
harassante ou une contrariété par exemple, on se doute bien que l’autre (ou
soi-même) n’est pas forcément dans de bonnes dispositions pour aborder un sujet
que l’on sait sensible.
Quels sont à
propos, les sujets sensibles, récurrents s’il en est sur lesquels à peu près
tous les couples s’affrontent ?
Parmi les
sujets rédhibitoires évoqués dans l’intimité du cabinet de la Conseillère
Conjugale, on retrouve bien souvent en ligne de mire : les tâches
ménagères, l’éducation des enfants, l’argent, la sexualité, la belle-famille
(eh oui…), le travail et les loisirs. Mais cette liste n’est pas
exhaustive !
Certaines
situations sont plus propices à déclencher des conflits à la moindre
étincelle : que ce soit des périodes où l’on est particulièrement fatigué
ou vulnérable : à la suite d’une maladie, au moment de l’arrivée d’un
enfant dans le foyer, suite à la perte d’emploi, etc.
A chacun de
prendre en compte ces contextes particuliers ou tout simplement de choisir le
bon moment pour aborder des sujets que l’on sait périlleux.
Attention
toutefois, si parmi les sujets de disputes, certains sont particulièrement
redondants et que la situation n’évolue guère, c’est peut-être le signe que le
problème est plus profond qu’il n’y parait ou que c’est peut-être l’arbre qui
cache la forêt…
Savoir
repérer les moments où soi-même ou notre partenaire n’est pas très enclin à la
discussion, permet de prendre les devants en évitant de ramener sur la table
des sujets dont on sait pertinemment qu’ils seront prompts à dégénérer. Il est
en effet beaucoup plus simple de désamorcer directement une dispute en refusant
de renchérir que de chercher ensuite les moyens d’en sortir… Tout l’enjeu est
alors de réagir tant qu’il en est encore temps.
Comment
procéder quand la discussion s’envenime ?
Quand ce qui
n’était au départ qu’une simple discussion, prend une tournure houleuse, que la
situation est en train d’échapper à tout contrôle au point où on pourrait être
amené à regretter nos débordements, il est toujours temps de mettre un STOP.
Chacun a à tout moment le pouvoir de ne pas renchérir et de proposer de
reprendre la discussion à froid quand vous serez dans de meilleures
dispositions, si vous estimez que ce n’est pas le moment opportun.
Mais une
fois le processus enclenché, on peut aussi s’efforcer de ramener la
conversation sur une base plus saine. Il ne faut pas perdre de vue qu’il en va
de l’intérêt de chacun à ce qu’un compromis émerge de cette dispute. L’objectif
est bel et bien de sortir de l’opposition pour chercher comment résoudre
ensemble le problème de la manière la plus satisfaisante pour chacun.
Pour cela,
il est bon d’essayer de mettre en application quelques règles.
- Première
règle fondamentale s’il en est : se parler avec Respect. Ce qui
signifie : ne pas se couper la parole, ne pas s’insulter et ne pas
proférer volontairement des paroles blessantes.
- S’efforcer
de rester centrés sur le sujet du désaccord. Attention, il est très facile, une
fois que le feu a pris, de le laisser se propager et de faire feu de tout bois
avec tout ce qui vous passera par la tête et qui n’aura pas été réglé en temps
et en heure. Et comme vous êtes le(la) mieux placé(e) pour connaître les points
vulnérables de l’autre, il peut être tentant de frapper là où vous savez que ça
va faire mal.
- S’exprimer
toujours en son propre nom : JE.
Parler de soi, de ses émotions, de ses ressentis, plutôt qu’en utilisant le TU qui a pour effet d’être dans le
jugement des paroles ou des actes de l’autre. En s’adressant à l’autre sous la
forme du TU, le seul effet serait de
le rabaisser et risquer de remettre de l’huile sur le feu.
- Essayer
de formuler positivement vos injonctions.
- Eviter
d’élever la voix. Inutile en effet de crier pour se faire entendre. Vous serez
d’autant plus convaincant que vous saurez garder votre calme.
- Se décentrer de soi…autant que faire se peut. Sortir de la justification pour se centrer sur le ressenti de l’autre en étant à son écoute.
Si vous
parvenez à mettre en pratique ces différents points, il y a fort à parier que
vous ressortirez grandi(e) de vos disputes.
L’objectif
est de décider de mettre ce mode opératoire en place, même si vous n’y parvenez
pas à tous les coups. L’important c’est de s’y employer.
Si la
dispute n’a pas abouti à un compromis, il est important de reprendre l’objet de
la discorde à froid, une fois la colère retombée ; pas dans l’objectif de
ressortir la hache de guerre mais bel et bien pour trouver un terrain d’entente
et éviter ainsi que l’objet de la dispute ne revienne comme un boomerang au
moment où l’on s’y attend le moins.
Pour bien se
réconcilier, il faut s’efforcer de comprendre ce qui nous a mis dans cet état
et faire son autocritique. Cela demandera de faire profil-bas, et même de
s’excuser. Certes, cette figure de style exige de mettre son orgueil dans sa
poche, exercice plus ou moins périlleux pour certains…Mais comme faire le
premier pas n’a jamais tué personne, peut-être est-ce le moment de se
lancer ?
Quoiqu’il en
soit, vous n’éviterez pas les disputes au sein de votre couple.
Sachez alors
en faire bon usage.
Mieux vaut
une bonne dispute que plus de dialogue du tout.
Pour que vos
disputes soient bénéfiques, il faut que vous soyez en capacité, d’une part, de
vous arrêter à temps, d’autre part, d’en tirer des enseignements utiles.
Si à l’issue
de la dispute, une solution est trouvée pour dépasser la crise, c’est votre
relation qui s’en trouvera renforcée.
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Et pour
aller plus loin si ce sujet vous intéresse :
« Comment
bien se disputer en couple ? » – Carolle et Serge Vidal-Graf –
Psychothérapeutes – Edition Jouvence – 2012 – 144 p – 8 €
Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48
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