vendredi 16 mai 2014

Chômage : répercussions sur la vie de couple

Le chômage, premier sujet d’inquiétudes des français, selon le baromètre mensuel TNS SOFRES paru en décembre 2013. 75 % des français citent en effet, la perte d’emploi comme première source de préoccupation et de stress.

Il faut dire que le travail comble des besoins vitaux de sécurité, d’appartenance, d’estime et d’accomplissement. De plus, le métier que nous exerçons définit en bonne partie qui nous sommes. Une grande part de la notion d’identité est en effet, liée à notre activité professionnelle. Par ailleurs, travailler procure un sentiment d’utilité très structurant.


Chaque être se représente le chômage selon sa sensibilité et les représentations mentales qui lui sont propres. On peut cependant affirmer que le fait d’être privé de son emploi, surtout pour une durée prolongée et indéterminée entraîne une désorientation sur le plan psychologique qui va se répercuter à la fois sur la personne qui vit la situation mais aussi sur son couple et sa famille.
Dans une société compétitive, être au chômage signifie souvent, souffrir du sentiment d’exclusion et d’isolement. La sphère relationnelle a tendance à se réduire comme peau de chagrin. En perdant son emploi, on perd aussi un statut social. Cet état de fait entraîne bien souvent une dévalorisation et une perte d’estime de soi. Nombreux vivent cela comme un échec personnel et social.
Par ailleurs, dans notre culture, en dépit de la libéralisation sociale de la femme, l’identité de l’homme est beaucoup plus liée au travail que celle de la femme. L’archétype du «  mâle protecteur et bienveillant, subvenant aux besoins de la famille » reste très ancré dans les mémoires. Dans ces conditions, la perte du travail entraîne des conséquences psychologiques encore plus lourdes pour les hommes.

Le chômage a aussi bien évidemment, un impact non négligeable sur la vie de couple. Les tensions entraînées par le sentiment d’insécurité que cette situation engendre risquent d’exacerber des difficultés sous-jacentes et qui peuvent être révélées à cette occasion.
La perte de revenus va se répercuter sur la qualité de vie, ce qui est toujours difficile à supporter. On a beau essayer de se convaincre que l’argent ne fait pas le bonheur, on sait trop bien combien il est important de se sentir à l’abri du besoin, surtout lorsqu’on vit en couple ou quand on est parent. Par conséquent, quand les fins de mois se font difficiles, quand les privations se multiplient, cela se ressent forcément sur la qualité de la relation. Pour qui avait l’habitude de subvenir à ses besoins, il peut être très déstabilisant également de dépendre financièrement de l’autre ou d’avoir le sentiment d’être « entretenu(e) ».
De même que l’on pourrait soutenir que « l’habit ne fait pas le moine », on sait bien pourtant que le métier que nous exerçons contribue aussi à nous définir. Tomber amoureux d’une infirmière, d’un artiste, d’une hôtesse de l’air, d’un médecin, participe aussi à la séduction et à l’idéalisation de l’autre. Il (elle) nous fascine, nous éblouit à travers la représentation du métier qu’il(elle) exerce. On a tous besoin d’être admiratif de l’homme (de la femme) qui partage notre vie. Or quand le personnage actif, charismatique, influent se transforme en « looser » ou en « desperate housewife », cela entame parfois durement l’image que l’on a de l’autre. Et cette situation a bien souvent des répercussions directes sur l’intimité du couple.
De plus, retrouver un emploi peut rapidement virer à l’obsession et sa relation de couple peut .ne plus être une priorité On a beau éprouver des sentiments pour son (sa) partenaire, quand toute l’énergie est mobilisée ailleurs et quand il devient compliqué de se projeter dans le futur, tout est prétexte pour en vouloir à l’autre et il devient très facile d’entrer en conflit pour un oui ou pou un non…

Mais si le chômage finit par faire éclater les couples les plus déstabilisés en agissant parfois comme un révélateur de problèmes latents occultés jusque là, il peut à l’inverse, en renforcer d’autres qui vont affronter cette épreuve ensemble. Certains couples se soudent en effet, pour faire face la perte d’emploi et leur complicité se trouve renforcée. C’est le moment de reconnaître qu’il n’y a pas que le travail dans la vie. Votre vie de couple mérite aussi qu’on lui prête attention.

Cette pause dans la vie professionnelle peut aussi être l’occasion de faire le bilan de sa vie personnelle et de couple et de revoir ses priorités. En prenant conscience de la place qu’occupait notre travail jusqu’à maintenant dans notre vie, en prenant conscience d’un certain nombre de nos frustrations cachées, et en se reconnectant à nos besoins réels et profonds, on peut profiter de cette parenthèse pour envisager l’avenir sur des bases nouvelles.
C’est peut-être le moment de donner un tournant décisif à votre vie : déménager dans le même pays, voire à l’étranger, reprendre une formation, changer de domaine d’activité, créer une entreprise, etc. Une page se ferme mais c’est pour mieux en ouvrir une autre…

Pour faciliter ce passage et réduire l’impact négatif que pourrait avoir le chômage sur votre couple, il est plus que jamais fondamental de bien communiquer.
Si malgré tout vous avez le sentiment que cette épreuve pourrait avoir des répercussions dommageables sur la qualité de votre relation, vous avez la possibilité de faire appel à un tiers extérieur pour vous aider à franchir cette étape.

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Et pour aller plus loin, si ce sujet vous intéresse :

  • « Le couple face au chômage » - François d’Estais – Edition du Cerf – Collection Grandir – 1998 – 117 pages – 11 €

www.conseillere-conjugale-et-familiale.fr