lundi 2 juin 2014

Chagrin d’amour: comment surmonter une rupture amoureuse ?

• Vous avez décidé de vous quitter d’un commun accord. C’est sans doute le cas de figure le moins difficile mais il faut bien l’avouer, le moins fréquent aussi.

• C’est vous qui êtes à l’initiative de la rupture. Souvent considéré(e) par l’entourage comme « le mauvais objet », il peut être néanmoins aussi perturbant de quitter quelqu’un que d’être quitté(e). Cette décision est souvent l’objet d’un processus long et culpabilisant.
 
• Vous êtes quitté(e) : L’effet de cette annonce s’avère aussi déstabilisant qu’il est brusque et imprévu.



 En fait, la douleur associée à la rupture amoureuse est plus ou moins intense selon les conditions dans lesquelles cette séparation survient. Mais quel que soit le contexte dans lequel se déroule cette annonce, le deuil de la relation est inévitable. L’état de détresse qui s’en suit ressemble d’ailleurs fort au deuil dans le déroulement des différentes étapes que vous allez être amené(e) à franchir tout au long de ce processus. 

 • L’annonce de la rupture : Le sol se dérobe sous vos pieds. Une sensation de vertige vous envahit. Vous êtes hébété(e). Une grande confusion s’installe. Cet état de sidération est normal. En état de choc, le cerveau se met en veille. Votre système émotionnel se bloque pour vous protéger du choc de la séparation

 • Le déni : Vous refusez d’y croire : « C’est impossible. Il (elle) va s’apercevoir qu’il (elle s’est trompé(e) et il (elle) va revenir. » Puis, réalisant que l’autre ne reviendra pas, vous êtes sujet à des sautes d’humeur vous faisant osciller entre colère et culpabilité. Peut-être serez-vous-même tenté(e) de le (la) reconquérir ? 

• Puis, l’effet du choc diminue pour laisser place à l’effondrement. Vous avez immensément mal et le sentiment que jamais vous ne serez capable de survivre à un tel déchirement. La fin du couple réveille immanquablement des angoisses d’abandon. Cette période de profonde tristesse dure plus ou moins longtemps. Prenez garde à ne pas être tenté de vous réfugier dans l’alcool ou autre paradis artificiel pour atténuer les effets de la douleur. La tristesse que vous pouvez éprouver est incontournable. Vous ne pourrez pas vous en faire l’économie et je dirais même, qu’il est nécessaire de traverser toutes ces étapes pour que le processus du deuil se déroule jusqu’au bout. Parfois vous aurez le sentiment d’en avoir terminé avec certaines réactions, jusqu’à ce qu’elles surgissent à nouveau quelques semaines ou quelques mois plus tard. Ces réactions sont normales et ne signifient aucunement que vous n’êtes pas capable de surmonter votre peine. 

 • Et un jour vous vous apercevez que, même si ce sujet reste douloureux, il n’occupe plus tout l’espace dans votre tête. L’occasion est venue de vous retrouver. Vous êtes capable à nouveau de vous tourner vers d’autres centres d’intérêts, d’autres occupations voire d’autres rencontres. Vous vous sentez apaisé(e). Vous êtes sur le chemin de la reconstruction. Vous reprenez confiance en vous. Vous reprenez les commandes de votre vie. 

Quelques conseils pour vous aider à franchir ces étapes le mieux possible : 

 • Résistez à la nostalgie : Bannissez de votre quotidien tout ce qui peut vous rappeler votre ex et les bons moments que vous avez pu vivre ensemble : photos, musiques ; objets divers qui sont autant de traces de sa présence. Fuyez au moins dans un premier temps, tous les endroits imprégnés de souvenirs trop chargés 

 • Résistez à la tentation d’appeler votre ex ou d’échanger avec lui (elle) par mail. L’appeler ou lui écrire, c’est essayer de maintenir à tout prix ce lien qui a disparu. Cela vous expose à souffrir davantage en niant la réalité. Remettez à plus tard, la tentation d’avoir des éclaircissements pour comprendre ce qui a généré la rupture. Le problème c’est que la personne qui est à l’origine de votre souffrance peut rarement en être à la fois la cause et l’antidote. 

• Si vous le pouvez, entourez-vous de personnes qui sont à même de vous apporter du réconfort dans cette épreuve et qui surtout ne porteront pas de jugement sur la situation. 

• Ménagez-vous et accordez-vous le temps nécessaire pour vous remettre debout. Ne forcez pas les choses. Vous ne serez sûrement pas à même, du jour au lendemain, de reprendre une activité normale. Alors n’en faites pas plus que ce que vous vous sentez capable de faire. 

• Une fois le tsunami passé et la réalité de la rupture assimilée, efforcez-vous de vous occuper l’esprit. Votre ex n’était sans doute pas la seule personne que vous côtoyiez dans votre vie, alors sortez, reprenez contact avec vos amis. Evadez-vous devant un bon livre, un bon film. Reprenez une activité physique, bref, tout ce qui peut-être source de divertissement et de plaisir.

• Profitez aussi des moments de solitude retrouvés. La rupture n’est pas un échec personnel. Alors sachez apprécier ces moments de retrouvailles avec vous-même. Profitez-en pour faire ce que vous ne faisiez pas quand vous étiez deux. Vous avez été grandement ébranlé(e) ces derniers temps. Mettez à profit ces moments de solitude pour faire le point sur ce que cette relation vous aura apportée, en positif et en négatif. Cela vous permettra de considérer ce que vous voulez et ne voulez plus à l’avenir. 

• Et puis, un jour viendra où vous vous autoriserez à nouveau à vivre une autre relation. Peut-être serez-vous tenté(e) de multiplier les relations, histoire de vous rassurer sur votre capacité à séduire encore ou par peur de vous impliquer et souffrir à nouveau. Quoiqu’il en soit, ne forcez pas les choses. Le célibat n’est pas une punition ni un échec. Il n’y a donc pas de course contre la montre pour vivre à nouveau en couple. Agissez seulement en accord avec votre désir et vos sentiments profonds.

 La vie entière est jalonnée de séparations, de la naissance (1ère séparation), en passant par le sevrage, le 1er jour de crèche, les ruptures amicales ou amoureuses, etc. Chacune de ces expériences nous apprend un peu mieux à combler nos manques par nous-mêmes. Il y a quelques mois à peine, vous aviez le sentiment de ne pas pouvoir survivre à l’annonce de la rupture, persuadé(e) d’être incapable de surmonter un tel traumatisme. Et pourtant, en prenant le temps de vivre pleinement chaque étape de ce processus, vous êtes arrivé(e) au bout du chemin. Vous avez découvert en vous, des ressources insoupçonnées ou oubliées pour affronter cette épreuve. Faire face à cette séparation vous aura permis d’explorer votre capacité à faire preuve d’autonomie. Gageons que vous en sortirez grandi(e) et une fois l’ancienne blessure d’amour bien refermée, prêt(e) à vous relancer dans l’aventure ! 

Et pour aller plus loin si ce sujet vous intéresse : 

« Comment guérir du mal d’amour : de la rupture à la reconstruction en 5 étapes » - Patrica Delahaie- Editeur : Leduc – Collection Développement perso-Poche – 2010 – 256 – 5,70 € 

« Guérir d’un chagrin d’amour » - Yvon Dallaire – Edition Jouvence – Collection « Les pratiques Jouvence » - 2008 – 95 p -4,70 €

« Rupture : petit guide de survie » - Delphine Hirsch – Disponible en livre de Poche – Collection Marabout – 2004 – 222 p – 6 € (L’écriture, non dénuée d’humour, est particulièrement adaptée à un public adolescent)

Revue "Psychologie Magazine" - Avril 2016 : "Chagrin d'amour : peut-on apprendre à "désaimer" ?" pp 90-94


Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48