Difficile d’échapper à
la propagande du livre de Valérie Trierweiler, ex-première dame de
France dont la séparation houleuse d’avec notre Président a été largement
médiatisée.
En révélant au grand jour des données personnelles et même
des détails de leur vie intime, de nature à compromettre l’image de ce
personnage public, on peut s’interroger sur l’objectif visé.
La question se pose alors de savoir si, lorsqu’on éprouve un sentiment de trahison après avoir été quitté(e), le fait de se venger permet d’atténuer la douleur… ?
Qui n’a pas rêvé un jour, de torturer son ex : crever
les pneus de sa voiture, ternir son image auprès de son employeur ou de ses
collègues de travail, de ses amis (facile aujourd’hui par le biais des réseaux
sociaux), saccager sa nouvelle vie sentimentale, ou autre…(.A chacun son
imagination !) pour lui faire payer ce que l’on considère comme une
trahison de sa part.
La tentation est grande en effet, lorsqu’on est en situation
de souffrance après un abandon, de faire payer à l’autre le prix fort pour
remédier à l’injustice que l’on estime avoir subie : lui en faire
« baver » pour équilibrer la douleur.
Il est humain d’avoir besoin de faire reconnaître aux yeux
des autres, notre souffrance. Etre reconnu(e) publiquement comme victime permet
de restaurer en quelque sorte, notre identité en rétablissant la vérité (tout
du moins, notre vérité…)
En renversant la vapeur, on n’est plus seulement celui (ou
celle) qui est quitté(e). On devient actif(ve) dans le processus. C’est une
manière de montrer que l’on réagit, que l’on prend la situation en main et que
l’on n’a pas l’intention de se laisser faire. Il en va de notre image de
marque.
La colère fait partie du processus de deuil. C’est donc un
sentiment normal en soi en pareille circonstance.
Cependant, si ce
besoin de décharger une colère trop violente nous semble vital, au point de
ressentir parfois une véritable jouissance à faire souffrir l’autre, tout
l’enjeu est de savoir si, une fois la vengeance consommée, on se sent
réellement guéri(e)….ou pas.
Le problème c’est que, même si ce désir de vengeance est une
réaction humaine et avant tout un réflexe d’auto-défense, tant qu’il nous est
impossible de passer à autre chose, l’autre reste obligatoirement au centre de
notre vie au lieu de s’en détacher progressivement. Or, il est fondamental pour traverser cette épreuve,
de prendre de la distance par rapport à l’autre, tant sur le plan physique que
psychique. Et la vengeance empêche le processus de deuil d’évoluer jusqu’à
mettre un terme définitif à cette histoire douloureuse.
Une fois la colère retombée et avec la prise de recul, on
peut parfois être amené à regretter d’avoir commis de tels agissements. Sans
compter que l’on n’en ressort pas assurément grandi(e). On prend conscience tout
à coup que l’image de soi que l’on a renvoyée n’est pas
forcément très reluisante aux yeux des autres, quand elle n’est pas carrément
pathétique…
Et tout ça pour réaliser au final, que d’avoir fait souffrir
l’autre n’aura pas tant permis que ça d’atténuer notre propre souffrance…
Vous l’avez compris, l’apaisement procuré par la vengeance
n’est qu’un miroir aux alouettes. Alors plutôt que de se concentrer sur la
manière d’assouvir sa soif de revanche, mieux vaut se concentrer sur sa
propre guérison.
Tant que l’on est coincé dans ce statut de victime et
envahi(e) par ce désir de vengeance, on n’est pas non plus en mesure de
s’interroger sur ce qui n’a pas fonctionné dans la relation. Encore moins de
prendre conscience que dans un couple, on est deux à avoir porté la relation
jusqu’à son point de rupture…
Alors souvenez-vous…
« Celui qui s’applique à la vengeance garde
fraîches ses blessures »
Francis Bacon-Philosophe
Extrait des Essais
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Et pour aller plus loin, si ce sujet vous
intéresse :
« Les chagrins d’amour : un moment de vérité » - Patrick Avrane – Ed° du Seuil – 04/2012 – 160 - 16 €
Psychologie magazine - Juillet/Août 2016 : "Se venger : bonne ou mauvaise idée ?' pp 98-101
Psychologie magazine - Juillet/Août 2016 : "Se venger : bonne ou mauvaise idée ?' pp 98-101
Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48
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