Vivre une rupture n’est jamais simple, de surcroît lorsqu’on
a des enfants. Il vous faudra probablement une bonne dose de courage pour
affronter ce moment tant redouté où vous devrez annoncer cette décision aux
enfants. Même s’il ne vous sera pas possible de leur épargner la douleur
générée par la séparation, mettre en application quelques règles simples peut
permettre d’atténuer la blessure.
En premier lieu, il est essentiel de ne faire cette annonce
que si vous êtes réellement sûrs de votre décision. Sans quoi, évoquer cette
hypothèse amènerait l’enfant à imaginer qu’il est de son ressort de réconcilier
le couple de ses parents. Cela lui donnerait un sentiment de toute-puissance et
imaginez un seul instant, la culpabilité que cela pourrait entraîner s’il n’y
parvient pas ! Si les choses ne sont pas tout à fait claires entre vous,
cela mettrait votre enfant en grande insécurité et il est capable de faire
preuve de beaucoup d’imagination pour vous réconcilier, allant parfois jusqu’à
refaire pipi au lit, voire à tomber malade, en bref quelque chose de
suffisamment inquiétant pour réunir ses 2 parents à son chevet. Alors n’agissez
que lorsque cette décision est mûrement réfléchie.
Choisissez le bon moment pour faire cette annonce : un
moment où vous savez que vous aurez du temps devant vous pour le consoler et
répondre aux questions qu’il ne manquera pas de vous poser. Votre parole doit
être la plus sereine possible. Laissez vos griefs personnels en dehors de ce
cadre. Evitez pour cela de parler aux enfants juste après une dispute.
Inutile d’en parler à l’enfant (à fortiori s’il est très
jeune) trop longtemps à l’avance. Il n’a
pas le même rapport au temps que nous et a tendance à se projeter dans un futur
très proche. Pour autant, ne pas attendre le dernier moment non plus.
Arrangez-vous pour faire cette annonce à deux. Si l’un de
vous ne peut être présent, l’enfant risque plus ou moins consciemment d’accuser
le parent absent, ou pire d’imaginer qu’il l’a « déjà » abandonné.
Réfléchissez en amont, entre vous, sur la façon d’aborder
cette question, à quels mots utiliser. L’important est de dire les choses, le
plus simplement possible. Le langage utilisé doit être accessible et adapté à
sa compréhension (en fonction de son âge). Votre discours doit être clair et
ferme. Il ne faut pas que l’enfant puisse imaginer un seul instant qu’il a les
moyens d’infléchir votre décision.
Concernant le contenu, c’est important de lui expliquer les
raisons de votre séparation. Veillez cependant à ne lui dire que ce qui le
concerne. Le message important à faire passer est de dire que vous avez décidé
de vous séparer parce que vous n’êtes plus heureux ensemble. Inutile de rentrer
dans les détails. Autrefois on accusait les parents de ne pas parler
suffisamment aux enfants. Aujourd’hui, on a tendance à leur en dire trop !
Or, plus l’enfant va être abreuvé de détails, plus vous le mettrez en position
de pouvoir juger ses parents, ce qui aurait pour effet de l’empêcher de pouvoir
continuer à aimer ses deux parents de la même manière. De plus, l’enfant n’a
pas à devenir le confident de ses parents. Il doit être maintenu à sa place
d’enfant, c’est-à-dire en dehors des conflits d’adultes.
Vous ne pourrez pas pour autant, cacher votre tristesse et
votre chagrin. Une séparation, ce n’est jamais facile, c’est important que vous
puissiez rester authentique dans l’expression de vos émotions. Vous pouvez par
contre dire à votre enfant qu’il n’y est pour rien dans votre tristesse. Il ne
faut pas oublier que l’enfant a une propension naturelle à se culpabiliser et
prendre en charge le chagrin de ses parents sur ses épaules.
L’enfant risque de se sentir coupable de n’avoir pas réussi
à maintenir le lien entre ses parents. C’est pourquoi il a besoin d’entendre de
la bouche de ses parents (en particulier dans la période de 3 à 6 ans où il est
en plein dans la phase oedipienne) que ce n’est pas de sa faute et qu’il n’y
est pour rien dans la décision que vous avez prise de vous séparer.
C’est important pour lui d’entendre aussi que le couple que
vous form(i)ez a préexisté à sa naissance, que vous vous êtes aimés, et qu’il
est le fruit de cet amour.
Il a également besoin d’être rassuré sur votre amour.Puisque
vous avez cessé de vous aimer, pourquoi ne pourriez-vous pas cesser de l’aimer
lui aussi ? Il faut que vous puissiez lui exprimer que quoi qu’il
advienne, ses parents restent ses parents et continueront à l’aimer de la même
manière. L’amour entre adulte (ou l’amour des amoureux) peut ne pas durer toujours.
En revanche, l’amour des parents pour leurs enfants, tout comme l’amour entre
frères et sœurs, ne s’arrête jamais. De même que Papa ou maman ne vous a pas
« quittés ». Il (ou elle) a quitté la femme qui est leur mère (ou
l’homme qui est leur père), mais il (ou elle) n’a pas quitté ses enfants. La
nuance est de taille…
Et enfin, il va falloir expliquer à l’enfant, de quelle
manière cette décision va l’impacter et ce qui va changer concrètement dans sa
vie. Vous pouvez entendre ses desideratas mais le message à faire passer est
que ce sont ses parents qui choisiront la meilleure solution pour lui. Il faut
absolument tout mettre en œuvre pour qu’il ne se sente pas pris dans un conflit
de loyauté. Il n’y a rien de pire pour un enfant que de lui demander avec qui
il veut vivre. Ce serait le placer en situation d’insécurité et lui faire
porter une culpabilité pour le restant de ses jours. A vous alors de réfléchir
en amont, avant d’annoncer à l’enfant votre décision de vous séparer, à
l’organisation pratique que vous entendez mettre en œuvre de manière à le
sécuriser. Il a besoin également d’entendre que ses deux parents continueront à
être responsables de son éducation et qu’ils prendront ensemble les décisions
qui le concernent.
Prenez garde à la tentation d’impliquer plus qu’il ne se
doit, l’enfant dans les décisions d’organisation matérielles qui le concernent
au motif que ainsi, la douleur sera adoucie. Cela aura peut-être un effet sur
votre culpabilité mais aura tendance à renforcer sa culpabilité inconsciente et
son conflit de loyauté.
L’annonce d’une séparation est toujours un choc pour les
enfants. Vous ne pourrez pas quoi qu’il en soit, leur éviter la douleur de la
perte. C’est important que vous puissiez accepter que votre enfant souffre et
lui permettre d’exprimer cette douleur et toutes les émotions qui y sont
rattachées. La séparation est un deuil et comme dans tous deuils, l’enfant va
passer par différentes étapes. La première étape étant le déni, il faut
accorder à l’enfant ce droit au déni. Il en a besoin pour se sécuriser et
pouvoir accéder aux autres étapes.
Certains enfants semblent pourtant très bien assumer la
situation. Inquiétez-vous des enfants qui réagissent « trop bien ».
Demandez-vous s’il n’est pas en train de
développer des mécanismes de déni de sa propre souffrance ou qu’il cache sa
peine de manière à ne pas en rajouter à la culpabilité ou à la souffrance de
ses parents.
Quoi qu’il en soit, il est essentiel de laisser la porte
ouverte à l’expression de leurs sentiments en leur disant que vous êtes là pour
répondre à leurs questions, leurs craintes, leurs angoisses et qu’ils ont le
droit de ressentir et exprimer leur tristesse.
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« Nous divorçons. Quoi dire à nos
enfants ? » (un guide pratique à l’usage des parents qui divorcent
afin d’aider leurs enfants à s’adapter à la rupture). - DarleneWeyburne –
Editions de l’Homme – 2001 – 233 p –9,50 €
Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48