mercredi 13 février 2013

Faire son bilan de couple : partir ou rester ?

Pourquoi nous est-il souvent si difficile de prendre cette décision ?

  • Pourquoi avons-nous un jour décidé de partager notre vie avec notre partenaire ?
  • Quelles étaient nos attentes (conscientes en tous les cas...) de ce couple ?
  • Pourquoi ce qui a suscité notre désir et a fait que l'on tombe amoureux(se) soudain disparaisse (à la suite d'un évènement particulier, d'une déception ou d'une épreuve) ou se meure tout simplement progressivement au fil des années ?
  • Si notre partenaire ne nous séduit plus, est-ce pour autant la fin de l'amour ?



Si l'on se pose toutes ces questions, peut-être que le moment est venu de faire son bilan de couple.
Faire son bilan de couple revient à se poser la question à un moment donné du pourquoi nous sommes encore ensemble aujourd'hui. Et nous invite par là-même à faire l'inventaire des qualités, des richesses ou des faiblesses de notre couple.

L'intensité fusionnelle des premiers émois ne permet pas de présager de la pérennité de notre histoire. Dans ce domaine, passion ne rime que rarement avec durée...
Au fil des mois et des années, passée la période d'idéalisation de l'autre et de la relation, les équilibres se transforment peu à peu. Un certain nombre d'évènements (heureux ou malheureux) vont contribuer à modifier cet équilibre ; qu'il s'agisse de l'arrivée d'un enfant, d'un déménagement, d'un changement dans notre vie professionnelle, de l'épreuve de la maladie, ou encore la confrontation au deuil. Tous ces éléments, ajoutés à la routine et à l'usure du temps vont transformer la relation et laisser peu à peu place aux désillusions, aux insatisfactions, aux frustrations et aux reproches. Nous pouvons bien-sûr, faire face ensemble à ces évènements ponctuels  qui vont jalonner notre relation et qui peuvent être autant d'occasions de renforcer le couple. Mais comment faire face à l'usure inévitable de la relation ?

Il s'agit tout d'abord d'admettre que la relation a évolué. Cela nous oblige à faire le deuil de cette période idyllique du début. Cela suppose aussi, de renoncer à l'illusion du couple idéal qui nous habite tous. Conscients du fait que ce qui a été ne sera plus, sommes-nous pour autant satisfaits de ce que nous apporte cette relation aujourd'hui ? Avons-nous encore un avenir ensemble ? Chacun est appelé à un moment donné ou un autre de sa vie de couple, à se poser cette question, surtout lorsqu'on a le sentiment que la balance n'est plus très équilibrée et penche un peu plus du côté des insatisfactions.

Le doute s'installe alors peu à peu. Si la relation nous semble "supportable" (mais néanmoins insatisfaisante), l'ambivalence est d'autant plus forte.
Vient le temps de la réflexion et de la remise en question de la relation. Si la vie commune est devenue pesante, éprouvante, si on a le sentiment d'avoir tout mis en oeuvre pour sauver la relation, l'idée de rupture s'impose : parfois insidieusement, quelquefois  cela sonne comme une évidence.
Pourquoi le passage à l'acte nous semble alors si difficile ?
Confronté à ce choix douloureux "partir ou rester ?", nous allons être traversé par certaines émotions qui seront autant de freins dans la prise de décision : la peur de faire souffrir celui (ou celle) que l'on a aimé(e), la peur de l'abandon (qui va voir resurgir des angoisses infantiles), la peur de la solitude, la peur de perdre son confort matériel, son statut social, la crainte de l'image d'échec que l'on pense renvoyer autour de soi ; peurs auxquelles s'ajoute le sentiment de culpabilité envers les enfants.
Mettre fin à une histoire d'amour, c'est toujours difficile. Rompre avec une personne, c'est rompre avec un lien, mettre fin à une partie de notre histoire, un fragment de vie, à des habitudes et se confronter à nouveau à l'inconnu. Par ailleurs, plane en filigrane, la crainte de faire le mauvais choix et la peur de le regretter. Il existe bien-sûr des moments où l'on est encore bien ensemble, des moments de vie  beaux et forts qui nous font douter de tout ce qu'on est en train de se raconter. Ce qui ressort de cette confusion, c'est que l'on est peut-être pas prêt pour l'instant à envisager la séparation. Cette ambivalence nous fait douter du bien-fondé de notre questionnement. On n'arrête pas d'analyser la situation dans tous les sens et cela engendre un gros stress psychologique. On a l'impression de tourner en rond sans parvenir à prendre la moindre décision. Hanté par le doute et la peur, cette situation d'ambivalence peur se prolonger indéfiniment.

Comment sortir alors de cette difficulté et sur quels sentiments s'appuyer pour prendre "la bonne décision" ?
On peut d'une part, faire confiance à son intuition ; écouter sa petite voix intérieure en se fiant à son espoir, sa confiance dans la possibilité de voir renaître le sentiment amoureux à l'intérieur de son couple.
D'autre part, et de manière plus pragmatique, on peut lister les avantages et les désavantages de la relation, en étant le plus honnête possible avec soi-même et en y incluant autant les aspects matériels qu'émotionnels.
Pour y voir plus clair, il peut être bon de prendre un temps pour soi, que ce soit quotidiennement (en fin de journée par ex.) ou le week-end. Pourquoi ne pas en profiter pour tenir un journal intime pour y consigner des évènements marquants ainsi que les émotions et sentiments qui s'y rattachent. Et si la décision est toujours difficile à prendre, une séparation temporaire permet parfois de clarifier ses sentiments et de se poser des questions fondamentales :
* Qu'est-ce qui m'appartient dans les difficultés que nous rencontrons ?
* Que puis-je changer chez moi pour améliorer la relation ?
* Suis-je prêt(e) à travailler pour l'améliorer ?
On peut s'appuyer sur le passé pour dresser son bilan mais attention à ne pas se focaliser sur le passé mais plutôt sur le potentiel d'amélioration de notre relation de couple.
Parfois une aide extérieure est nécessaire, sous la forme d'un accompagnement conjugal afin de mettre en lumière les incompréhensions et sortir des cercles vicieux ou sous la forme d'une thérapie de couple.
A l'issue de ce questionnement, la séparation apparaîtra parfois comme une évidence et un soulagement.

Mais lorsqu'on traverse une crise grave, la perspective d'une séparation opère parfois comme un dynamitage salutaire. La rupture envisagée comme une issue peut en effet, créer un électrochoc à l'intérieur de soi et de son couple.
Si chacun le souhaite, la voix est alors ouverte à la renégociation du contrat conjugal : continuer ensemble mais sur des bases nouvelles. Le bilan devient l'occasion de mettre en lumière les manques et les attentes, les désirs de chacun et de les exprimer en termes de demandes et non de reproches. Il s'agit d'évaluer non seulement les failles de la relation mais aussi ses richesses dont on a parfois plus conscience ou qui sont ensevelies sous des années de routine conjugale.
L'objectif de ce bilan doit aussi nous permettre de réaliser en toute humilité que notre conjoint ne peut combler tous nos manques. Peut-être avons-nous projeté sur lui des attentes auxquelles il n'est pas en mesure de répondre.
Par ailleurs, le fait même de partager son quotidien avec quelqu'un nous expose à d'inévitables conflits. L'objectif n'est donc pas de les empêcher mais de les surmonter ensemble de manière satisfaisante pour chacun.

Pour conclure, il est bon de se rappeler qu'une relation n'est jamais acquise. Elle nécessite des réajustements permanents. Cet autre que l'on est persuadé(e) connaître par coeur est sans cesse à redécouvrir.

Inutile de traverser une crise grave pour faire son bilan de couple :

"Tous les six mois, on fait un repas en tête à tête avec un vin convenable et on prononce la phrase : "on arrête ou on continue ?". Ce rendez-vous on le tient encore même si c'est devenu un jeu".
Dominique Desanti, écrivaine, se confiait ainsi à Psychologie Magasine (Oct. 2002) au sujet de sa relation avec son mari, le philosophe Jean-Toussaint Desanti.
Ils se sont posé rituellement la question de la pérennité de leur couple..........pendant 60 ans !


Pour aller plus loi, si ce sujet vous intéresse :l
"On arrête ? On continue ?" Faire son bilan de couple de Robert Neuberger - Ed° Payot - 2010 - 150 pages - 10€



Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48