vendredi 15 juin 2012

L'épuisement maternel ou "Burn-out" maternel

On entend souvent parler du "burn-out" professionnel, quand les travailleurs sous pression et épuisés craquent ou plus vulgairement "pètent les plombs"...
On entend un peu moins parler du "burn-out" maternel. Pour quelle raison ?

Tout d'abord, il faut bien reconnaitre que l'on a souvent tendance à idéaliser la maternité. Nous avons tous en nous un modèle, une idée, de l'idéal maternel et de ce qu'il convient de faire pour être une "bonne mère".
De plus, avec l'avènement de la contraception et par conséquent, des naissances programmées, les femmes ne s'autorisent aucune faiblesse et s'efforcent à vouloir être des mères "parfaites".


Quand la mère passe de cette projection idéalisée de la maternité à la dure réalité, l'heure est au désenchantement.
Assaillie par la fatigue occasionnée par les nuits blanches, confrontée aux diverses responsabilités, le fantasme de la maternité idéalisée ne résiste pas longtemps et fait place peu à peu, au doute et aux questionnements. Cela demande alors d'accepter l'idée que la maternité est certes une aventure merveilleuse mais la réalité du quotidien auquel on est confrontée est souvent un peu plus compliquée qu'on ne l'a imaginée. Il va donc falloir renoncer au fantasme de la mère parfaite que l'on a intégré en soi et tenter de faire simplement du mieux qu'on peut, en acceptant de ne pas vouloir tout maitriser sans relâche et en acceptant surtout, d'être des mères imparfaites...
Pour certaines ce désenchantement est difficile à accepter. Il faut dire que la pression qui pèse sur les femmes, sommées de réussir professionnellement, socialement et maternellement est parfois difficile à supporter. Notre culture de la performance a créé des mamans qui se pensent parfois incapables dans leur rôle de mère. Aussi, désorientées devant les difficultés auxquelles elles ne se sont pas forcément préparées, elles rejettent l'idée de ne pas y arriver. Leur estime personnelle étant mise à mal, elles vont constamment repousser les limites de ce qu'elles sont capables d'assumer, et être de plus en plus exigeantes envers elles-mêmes. Cette course effrénée à la réussite est sans fin. Elles ont alors le sentiment de manquer de temps en permanence : pour elles-mêmes, pour leur conjoint, pour les autres enfants, etc. Et plus elles ont le sentiment de ne pas s'en sortir, d'échouer dans cette tâche qui leur est dévolue, moins elles y parviennent. Et plus elles se dénigrent et perdent confiance en elles ; et avec le sentiment de surcroît, d'être incomprises de tout le monde. C'est la spirale infernale.
Certaines situations particulières compliquent parfois un peu plus encore la tâche. C'est le cas par exemple des naissances multiples, enfants rapprochés, confrontation au handicap, difficultés conjugales, maman solo, etc.

Jusqu'où peut les mener cette course à la perfection ?
La première difficulté à laquelle elles vont être confrontées, c'est un sentiment de grande lassitude : à la fois fatigue physique et émotionnelle ; bref, un total manque d'énergie pouvant aller parfois jusqu'à la véritable dépression. Les gestes de soins aux enfants deviennent mécaniques, dépourvus de toute affectivité. Elles vont se montrer de moins en moins tolérantes à leur égard, ne supportant plus le moindre caprice, la moindre colère. Certaines peuvent se montrer de plus en plus agressives, allant jusqu'à des gestes de violence.

Que faire devant une telle situation ?
Pour une maman épuisée, il est important de reconnaitre tout d'abord, cet état de fait. Il y a moins de cinquante ans seulement, la naissance était encore une affaire de famille : parents, grand-parents, tout le monde aidait la mère. Aujourd'hui, elle se retrouve souvent seule à la sortie de la maternité. Il ne faut pas hésiter à demander de l'aide au conjoint, parents, beaux-parents, amis mais aussi professionnels, etc. Il est important ensuite de s'accorder le droit de souffler ; s'octroyer du temps pour soi, sans culpabilité, en confiant pour quelque temps l'enfant (les enfants) en garde. Mais il convient surtout d'abandonner enfin l'idée de vouloir tout maitriser et être à tout prix une mère parfaite. Certaines trouveront du réconfort dans le fait de savoir qu'elles ne sont pas les seules à vivre cela. D'autres mères sont en effet en proie au même sentiment d'impuissance et d'épuisement maternel face à leur rôle de mère. Il importe surtout de ne pas rester isolée. Parler de ses difficultés  avec d'autres mamans apporte souvent un réel bienfait. Il existe pour cela, des groupes de paroles dédiés à l'écoute et au partage d'expériences qui offrent aux femmes l'occasion de se raconter, de s'épauler sans se juger. Et si le besoin s'en fait sentir, ne surtout pas hésiter à se faire aider par un professionnel.
Pour conclure, je citerais "Yvonne Poncet-Bonissol, Psychologue :  





Et pour aller plus loin, si ce sujet vous intéresse :



  • "La fatigue émotionnelle et physique des mères : le Burn-out maternel" de Violaine Guéritault et François Lelord- Ed° Odile Jacob-2008-319 p-Disponible en format Poche à partir de 9€
  • "Mère épuisée" de Stéphanie Allenou - Ed° Les liens qui libèrent - 2011 - 224 p - 1
  • "Le burn-out parental" - Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam - Odile Jacob - 192 p - 19,90 €

Télévision 

  • Emission : Mille et une vies : Burn-out maternel - 25 janvier 2017 - France 2 - 14h00 - durée 1 heure.