mardi 27 septembre 2016

Votre enfant s'apprête à vivre sa vie d'étudiant

Ca y est, bac en poche, votre fils ou votre fille s’apprête à vivre sa nouvelle vie d’étudiant(e).
Cette transition de la vie lycéenne à l’enseignement supérieur peut être considérée comme un rite de passage dans la mesure où elle signe généralement la réelle première prise d’autonomie de nos grands adolescents.
Ceci étant particulièrement vrai lorsque l’étudiant quitte le domicile familial pour s’installer dans son appartement. Ce passage marque une étape importante, tant dans la vie des parents que de l’étudiant lui-même.

Le changement majeur, du point de vue de l’étudiant est sans doute la confrontation à cette nouvelle liberté et indépendance. Indépendance dans le travail scolaire : L’étudiant sera parfois amené à moduler lui-même son emploi du temps en choisissant ses propres matières. Dans certains établissements, la présence aux cours n’est plus contrôlée. L’assiduité risque d’en prendre un coup ! On n’est plus cadré comme au lycée. C’est aux étudiants d’organiser leur travail et leur emploi du temps pour se préparer au mieux à l’examen final. A côté de cela, les occasions de sortir sont très nombreuses…Cela demande donc une certaine dose d’autodiscipline pour ne pas décrocher ou se laisser envahir par la somme de travail à rendre ou les partiels à réviser au dernier moment.
Cette prise d’indépendance n’est pas toujours facile à vivre pour les parents qui peuvent avoir du mal à « lâcher » leur progéniture…Le sentiment de ne plus avoir la situation sous contrôle éveille des peurs : « Saura t-il (elle) se débrouiller sans nous ? »

La place et le rôle des parents évoluent tout au long de la vie. Ce rôle consiste d’abord à apporter au jeune enfant un cadre de sécurité dans lequel grâce aux limites clairement énoncées, il va pouvoir grandir en confiance. Mais devenir un adulte autonome se prépare dès l’enfance. En effet, plus l’enfant grandit, plus l’étau doit se desserrer et plus l’autonomie doit être encouragée à travers des initiatives telles que : la gestion d’un petit budget (argent de poche), voyages sans les parents, etc. pour que le moment venu de prendre son envol, il ne soit pas trop désorienté. Si l’enfant a été éduqué dans le contrôle permanent de ses actes, il aura sans doute plus de difficultés à s’approprier son autonomie.
La question qui se pose parfois, du point de vue des parents, est : comment trouver la juste place, la juste distance à travers leurs attitudes, entre ce qui pourrait ressembler à de l’intrusion ou de l’assistanat et ce qui pourrait être vécu comme du désintérêt ou un abandon.

Parfois on entend : « Oui, mais quand on est parent, on est parent à vie ! » Certes, à la différence près que nos enfants (étudiants) ne sont plus des enfants. La nuance est de taille. Comme le souligne Marie Andersen, Psychologue, dans son livre « L’emprise familiale », « Adultes, les enfants sont inscrits dans une filiation mais plus dans un lien éducatif. Dans notre société les parents d’adultes n’ont plus de rôle à jouer en tant que parents, sauf celui de la disponibilité consentie. La seule obligation légale est celle de l’assistance financière en cas de nécessité (l’inverse étant vrai aussi). Au-delà de cette loi, toutes les interactions devraient s’inscrire dans le respect des territoires mutuels, des styles de vie et des décisions personnelles. » Il appartient donc aux parents de faire confiance en leurs grands enfants, d’accepter de ne pas tout savoir de leur nouvelle vie et ne plus avoir la situation sous contrôle.

Là où ça se corse, cependant, c’est que ce statut d’étudiant les met à une place parfois un peu ambigüe, en particulier lorsqu’ils sont dépendants financièrement de leurs parents.Le fait que l’étudiant travaille et s’assume financièrement (ou en tous les cas en partie) pour peu que ses études le lui permettent) ou s’il est à la charge exclusive de ses parents change en effet, considérablement la donne. Si ce sont ses parents qui assument entièrement sa charge, quel droit de regard sont-ils en droit d’exercer sur ses dépenses ? Le mieux serait certainement dans ce cas, de déterminer ensemble le budget mensuel nécessaire. Une fois ce montant fixé, les parents ne devraient plus avoir la possibilité de juger l’usage qui en est fait.

Le cas de figure des étudiants qui continuent à habiter chez leurs parents n’est pas forcément plus simple. Difficile en effet, d’accéder pleinement à l’autonomie et de goûter à cette liberté toute particulière que confère cette nouvelle vie estudiantine quand les parents peuvent, de fait, observer tous les faits et gestes de l’étudiant… En vivant sous le même toit, les parents sont en droit d’exprimer clairement leurs attentes en terme de participation à la vie de la maison : dans quelle mesure ? Sous quelle forme ? Un contrat clair et simple peut régir les attentes de chacun.
Mais il existe parfois un autre contrat (souvent implicite celui-là…) qui relie l’étudiant à ses parents : l’engagement de résultat ! Surtout quand ce sont les parents qui financent les études… Ils attendent en général de leurs enfants qu’ils réussissent. Obligation de résultats ou obligation de moyens ? Cela mérite d’être clairement exprimé. Il faut néanmoins garder à l’esprit qu’il n’est pas toujours évident pour le jeune bachelier de trouver sa voie du premier coup. Attention à ne pas rendre trop pesantes les injonctions parentales sur ce sujet. Cette attitude peut se révéler contre-productive et générer du stress. La peur de l’échec peut mettre l’étudiant en situation de perte de confiance. Or, le jeune adulte a besoin du soutien et de la confiance de ses parents pour réussir.
Ce passage de la vie lycéenne à la vie estudiantine, assorti d’un déménagement de l’étudiant met en mouvement l’ensemble du puzzle de la cellule familiale. La place des enfants peut se trouver modifiée. Si c’est un enfant unique qui s’en va, son départ de la maison va faire que ses parents se retrouvent à nouveau en couple, sans enfant à la maison, pour la première fois depuis bien longtemps. Les mères seules peuvent se retrouver confrontées à un vide difficile à combler. Quelle que soit la configuration familiale, cette étape laissera une empreinte.

Ni trop proche, ni trop loin, à chacun de trouver la juste distance. L’essentiel est de maintenir le dialogue et de signifier clairement à l’étudiant qui s’en va, qu’il peut à tout moment s’appuyer sur ses parents en cas de besoin. Quant à l’étudiant, même s’il se trouve dans les premiers temps, dans une zone de flottement ou de débordement...(dans la gestion des dépenses, dans la gestion du quotidien, dans la communication à mettre en place avec ses parents…), laissons-lui le temps de trouver ses marques et faisons-lui confiance. Et même si dans les premiers temps il sera peut-être amené à manger des pâtes tous les soirs ( ;-)), tout finira par se mettre en place.







Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48