Ca y est,
bac en poche, votre fils ou votre fille s’apprête à vivre sa nouvelle vie
d’étudiant(e).
Cette
transition de la vie lycéenne à l’enseignement supérieur peut être considérée
comme un rite de passage dans la mesure où elle signe généralement la réelle
première prise d’autonomie de nos grands adolescents.
Ceci étant
particulièrement vrai lorsque l’étudiant quitte le domicile familial pour
s’installer dans son appartement. Ce passage marque une étape importante, tant dans
la vie des parents que de l’étudiant lui-même.
Le
changement majeur, du point de vue de l’étudiant est sans doute la
confrontation à cette nouvelle liberté et indépendance. Indépendance dans le
travail scolaire : L’étudiant sera parfois amené à moduler lui-même son
emploi du temps en choisissant ses propres matières. Dans certains
établissements, la présence aux cours n’est plus contrôlée. L’assiduité risque
d’en prendre un coup ! On n’est plus cadré comme au lycée. C’est aux
étudiants d’organiser leur travail et leur emploi du temps pour se préparer au
mieux à l’examen final. A côté de cela, les occasions de sortir sont très
nombreuses…Cela demande donc une certaine dose d’autodiscipline pour ne pas
décrocher ou se laisser envahir par la somme de travail à rendre ou les
partiels à réviser au dernier moment.
Cette prise
d’indépendance n’est pas toujours facile à vivre pour les parents qui peuvent
avoir du mal à « lâcher » leur progéniture…Le sentiment de ne plus
avoir la situation sous contrôle éveille des peurs : « Saura t-il
(elle) se débrouiller sans nous ? »
La place et
le rôle des parents évoluent tout au long de la vie. Ce rôle consiste d’abord à
apporter au jeune enfant un cadre de sécurité dans lequel grâce aux limites
clairement énoncées, il va pouvoir grandir en confiance. Mais devenir un adulte
autonome se prépare dès l’enfance. En effet, plus l’enfant grandit, plus l’étau
doit se desserrer et plus l’autonomie doit être encouragée à travers des
initiatives telles que : la gestion d’un petit budget (argent de poche),
voyages sans les parents, etc. pour que le moment venu de prendre son envol, il
ne soit pas trop désorienté. Si l’enfant a été éduqué dans le contrôle
permanent de ses actes, il aura sans doute plus de difficultés à s’approprier
son autonomie.
La question
qui se pose parfois, du point de vue des parents, est : comment trouver la
juste place, la juste distance à travers leurs attitudes, entre ce qui pourrait
ressembler à de l’intrusion ou de l’assistanat et ce qui pourrait être vécu comme
du désintérêt ou un abandon.
Parfois on
entend : « Oui, mais quand on est parent, on est parent à
vie ! » Certes, à la différence près que nos enfants (étudiants) ne
sont plus des enfants. La nuance est
de taille. Comme le souligne Marie Andersen, Psychologue, dans son livre
« L’emprise familiale », « Adultes, les enfants sont inscrits
dans une filiation mais plus dans un lien éducatif. Dans notre société les
parents d’adultes n’ont plus de rôle à jouer en tant que parents, sauf celui de
la disponibilité consentie. La seule obligation légale est celle de
l’assistance financière en cas de nécessité (l’inverse étant vrai aussi).
Au-delà de cette loi, toutes les interactions devraient s’inscrire dans le
respect des territoires mutuels, des styles de vie et des décisions
personnelles. » Il appartient donc aux parents de faire confiance en leurs
grands enfants, d’accepter de ne pas tout savoir de leur nouvelle vie et ne
plus avoir la situation sous contrôle.
Là où ça se
corse, cependant, c’est que ce statut d’étudiant les met à une place parfois un
peu ambigüe, en particulier lorsqu’ils sont dépendants financièrement de leurs
parents.Le fait que l’étudiant travaille et s’assume financièrement (ou en tous
les cas en partie) pour peu que ses études le lui permettent) ou s’il est à la
charge exclusive de ses parents change en effet, considérablement la donne. Si
ce sont ses parents qui assument entièrement sa charge, quel droit de regard
sont-ils en droit d’exercer sur ses dépenses ? Le mieux serait certainement
dans ce cas, de déterminer ensemble le budget mensuel nécessaire. Une fois ce
montant fixé, les parents ne devraient plus avoir la possibilité de juger
l’usage qui en est fait.
Le cas de
figure des étudiants qui continuent à habiter chez leurs parents n’est pas
forcément plus simple. Difficile en effet, d’accéder pleinement à l’autonomie
et de goûter à cette liberté toute particulière que confère cette nouvelle vie
estudiantine quand les parents peuvent, de fait, observer tous les faits et
gestes de l’étudiant… En vivant sous le même toit, les parents sont en droit d’exprimer
clairement leurs attentes en terme de participation à la vie de la
maison : dans quelle mesure ? Sous quelle forme ? Un contrat
clair et simple peut régir les attentes de chacun.
Mais il existe
parfois un autre contrat (souvent implicite celui-là…) qui relie l’étudiant à
ses parents : l’engagement de résultat ! Surtout quand ce sont les
parents qui financent les études… Ils attendent en général de leurs enfants
qu’ils réussissent. Obligation de résultats ou obligation de moyens ? Cela
mérite d’être clairement exprimé. Il faut néanmoins garder à l’esprit qu’il
n’est pas toujours évident pour le jeune bachelier de trouver sa voie du
premier coup. Attention à ne pas rendre trop pesantes les injonctions parentales
sur ce sujet. Cette attitude peut se révéler
contre-productive et générer du stress. La peur de l’échec peut mettre
l’étudiant en situation de perte de confiance. Or, le jeune adulte a besoin du
soutien et de la confiance de ses parents pour réussir.
Ce passage
de la vie lycéenne à la vie estudiantine, assorti d’un déménagement de
l’étudiant met en mouvement l’ensemble du puzzle de la cellule familiale. La
place des enfants peut se trouver modifiée. Si c’est un enfant unique qui s’en
va, son départ de la maison va faire que ses parents se retrouvent à nouveau en
couple, sans enfant à la maison, pour la première fois depuis bien longtemps.
Les mères seules peuvent se retrouver confrontées à un vide difficile à
combler. Quelle que soit la configuration familiale, cette étape laissera une
empreinte.
Ni trop
proche, ni trop loin, à chacun de trouver la juste distance. L’essentiel est de
maintenir le dialogue et de signifier clairement à l’étudiant qui s’en va,
qu’il peut à tout moment s’appuyer sur ses parents en cas de besoin. Quant à
l’étudiant, même s’il se trouve dans les premiers temps, dans une zone de
flottement ou de débordement...(dans la gestion des dépenses, dans la gestion
du quotidien, dans la communication à mettre en place avec ses parents…),
laissons-lui le temps de trouver ses marques et faisons-lui confiance. Et même
si dans les premiers temps il sera peut-être amené à manger des pâtes tous les
soirs ( ;-)), tout finira par se mettre en place.
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Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48