(Cet article
est inspiré du dossier « Couple : en attendez-vous trop ? –
6 mythes qui nous égarent » - Psychologie Magazine – Janvier 2015)
« Nos histoires
d’amour sont influencées par des croyances qui nous empêchent de savourer ce
que nous vivons ». Patricia Delahaie – Psychosociologue.
Mais quels sont ces mythes ?
Pour Patricia Delahaie, ils sont au nombre de six.
·
Le mythe de la bonne personne (ou
« Quelqu’un m’attend quelque part »)
Illustré par nos contes de fées, selon lequel chacun(e)
aurait un(e) Prince(sse) qui l’attend quelque part. Ce mythe est solidement
ancré dans notre inconscient collectif. Chacun cultive en effet, le secret espoir
de rencontrer ou plutôt retrouver la personne qui viendra mettre fin à notre
sentiment d’incomplétude (tout comme lorsque, nourrissons, notre mère jouait ce
rôle en prenant en charge notre besoin de nourriture, de soins et d’amour,
mythe de l’incomplétude, cher à Platon). Si cette quête nous propulse dans un
élan positif en étant moteur de notre désir elle peut tout autant s’avérer
limitante. En effet, si le « portrait-robot » fiché dans notre
inconscient est trop « déterminé » cela peut nous priver de belles
rencontres pour peu qu’elles ne s’inscrivent pas dans notre
« programme ». Mieux vaut alors partir du principe qu’il existe
plusieurs « bonnes personnes » et non pas une seule censée
représenter tout ce que l’on attend de l’autre à tous les âges de la vie.
N’oublions pas que nous cheminons et évoluons continuellement. Nos histoires
d’amour participent d’ailleurs à notre transformation. C’est pourquoi il peut y
avoir plusieurs relations amoureuses différentes au cours de notre vie, qui
n’ont pas toutes le même sens selon la période où elles prennent naissance.
·
Le mythe du bon (ou du mauvais) timing (ou
« Avant l’heure ce n’est pas l’heure ; après non plus »)
Dans une société où l’on est sans cesse en train de courir
après le temps et où règne en toile de fond la peur de passer à côté de sa vie
ou de faire le mauvais choix, le mythe du timing est particulièrement rémanent.
Il est de bon ton par exemple, après une rupture récente de s’accorder un temps
de convalescence. Dans cet état d’esprit, démarrer une nouvelle relation trop
tôt serait nécessairement vouée à l’échec, considérant qu’il s’agirait d’une
« liaison-pansement » amenée à ne durer que le temps de la
convalescence amoureuse. Entamer une nouvelle relation passé ce temps de
convalescence serait un gage de pérennité. Il faut en réalité faire confiance à
son propre ressenti. Le bon timing est propre à chacun. Des relations durables
peuvent voir le jour à l’ombre d’événements jugés défavorables tels un deuil ou
tout autre accident de la vie. L’inverse étant également avéré.
·
Le mythe de l’amour sous contrôle (ou « le
couple, c’est du travail ! »)
La relation de couple s’apparente de plus en plus à un
projet professionnel dans un monde où les contrats ont tendance à prendre la
forme de CDD. Alors pour que le couple dure, il va falloir cravacher ! Se
fixer des objectifs, utiliser les bons instruments. La palette d’outils
proposés dans le cadre de stages de développement personnel divers et variés
devrait nous en garantir l’épanouissement. Ainsi, chacun est acteur et maître
de son Destin. A charge pour nous de faire des efforts et de travailler au
développement de notre relation. Certes, mais le désir et l’amour
participent-ils aux mêmes règles ? Selon cette croyance, l’amour est sous
contrôle. Alors à nous de mettre tout en œuvre pour le faire durer. N’oublions
pas cependant la dimension inconsciente dans les sentiments, dans laquelle
s’inscrit le désir. Rappelons-nous que la relation de couple n’est pas
linéaire. Le désir est fluctuant et échappe à notre raison. Ces fluctuations
sont le fait d’un couple vivant et nécessitent des ajustements permanents. Il
ne s’agit pas d’un travail en force mais plutôt d’une adaptation souple et
continuelle favorisée par l’échange et la communication.
·
Le mythe de la fusion ( ou « Un plus un
= Un »)
Ce mythe, inspiré lui aussi de PLATON, confirmé par le
célèbre psychanalyste D.W. WINICOTT, s’agissant de la fusion totale du
nourrisson avec sa mère dans les premiers instants de la vie, continue son
œuvre dans le cadre du couple. Le fantasme de fusion des corps et des cœurs
avec l’être aimé a la vie dure. A l’heure où règne un climat d’insécurité sur
le plan socio-économique, cette projection dans la fusion avec l’autre nous
sécurise sur le plan existentiel. On a besoin de croire que l’autre ne nous
quittera jamais et que l’on va pouvoir bâtir quelque chose de solide
ensemble. Cette croyance est non seulement un leurre mais elle appauvrit
la relation. En effet, pour être « relié » à l’autre, il faut
justement qu’il y ait un minimum de distance qui nous sépare de l’être
aimé ; sans quoi, le JE comme entité individuelle est complètement
absorbée dans le NOUS comme entité unique. On fait alors le vide autour de soi
car on se suffit à nous-mêmes. Mais cela ne dure qu’un temps. Et il n’est pas
certain du reste, que cette attitude fusionnelle suffise à mettre en place un
sentiment profond de sécurité, qui reste une illusion. Et que fait-on ensuite
lorsqu’on s’aperçoit que cet état fusionnel retombe ? Certains ne le supportent
pas. Ils multiplient alors les conquêtes pour ne se satisfaire que de ce
sentiment fusionnel des débuts.
Faisons toutefois la distinction entre le désir de fusion
que tout un chacun peut être amené à ressentir au début d’une relation et qui
n’est pas amené à durer ; chacun réinvestissant progressivement ses
domaines d’activités propres, et la fusion comme modèle de couple souvent guidé
par la peur : peur de perdre l’autre.
·
Le mythe de l’amour-miroir (ou qui se
ressemble vraiment, s’assemble longtemps…)
Ce mythe trouve sa source dans l’histoire de Narcisse
tombant amoureux de son reflet. Cette croyance est entretenue aujourd’hui par
les sites de rencontres et leurs critères d’élection de l’âme-sœur, qui
laissent à penser que pour trouver son double parfait, il suffit de
sélectionner les bons critères d’affinités et de ressemblances. Pour ne pas
prendre trop de risque, mieux vaut s’unir à un double qui nous ressemble :
qui vient du même milieu social que le nôtre et avec qui on partage les mêmes
désirs et les mêmes valeurs. Au moins, on est certains de ne pas être déçu et
de ne pas se tromper. Si cette croyance incite chacun des partenaires à prendre
le temps de bien se connaître l’un et l’autre en profondeur elle ne les incite guère à partir à
la découverte de « l’étranger » dont la différence est pourtant source
de curiosité et de désir. Tout dépend où l’on place le curseur. Certes, mieux
vaut quand-même avoir des centres d’intérêts communs, des valeurs communes et
se projeter de manière assez semblable dans l’avenir. Attention toutefois à ce
que l’autre reste suffisamment « différent » pour susciter et
maintenir la curiosité et générer un minimum d’insécurité nécessaire au
maintien du désir.
·
Le mythe de l’amour comme outil de
développement personnel (ou « connais-toi, toi-même pour mieux
aimer »)
Ce mythe inspiré de SOCRATE
(Connais-toi, toi-même) est un des fondamentaux du Développement personnel.
L’idée est que pour que nous puissions nouer des relations amoureuses saines et
durables, il nous faut faire toute la lumière sur le Passé et débusquer en même
temps tous nos conditionnements et dysfonctionnements. Certes, cela ne peut
faire de mal de faire un peu de nettoyage en se penchant sur notre passé tout
en clarifiant nos attentes présentes. Cela nous remet en face de nos
responsabilités dans la relation amoureuse. Cette croyance peut toutefois se
montrer culpabilisante dans la mesure où face à un échec ou une déception, cela
reviendrait à penser que comme le bon couple se mérite, c’est que l’on n’a pas
suffisamment travaillé sur soi. Il n’empêche qu’il peut s’avérer utile de faire
un travail sur soi, surtout si on constate que l’on reproduit certains
scénarios (choix du partenaire, ou certains types de comportements) sources de
souffrances.
Un travail sur soi permet aussi
de faire le point sur ses besoins et désirs profonds en matière de vie
amoureuse. Qu’attendons-nous de l’autre et de la relation ? Quels sont nos
projets de vie ? Notre relation a-t-elle toujours (ou encore) du sens et
comment s’insère-t-elle dans ces projets ?
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Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48
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