lundi 13 mai 2013

Relations extra-conjugales

Où commence l'infidélité ?
Pour vous, c'est quoi tromper ? Est-ce que regarder, c'est tromper ? Est-ce que imaginer, fantasmer c'est tromper ? Est-ce que surfer sur Internet c'est tromper ? Est-ce que flirter c'est tromper ? Est-ce que embrasser c'est tromper ? Est-ce que coucher c'est tromper ?
Il semblerait qu'on n'ait pas tous la même définition du verbe « tromper »...
Admettons donc qu'il n'y a pas une définition de la fidélité mais plusieurs options de fidélité possibles. A chaque couple alors de trouver celle qui lui convient du moment que la relation soit vécue dans le respect mutuel.

Si l'on interroge des hommes et des femmes au hasard  sur ce que signifie pour eux « tromper », les résultats sont sans appel : tromper pour l'immense majorité, c'est dès qu'il y a contact. Autrement dit,  tromper c'est partager une intimité physique avec un(e) autre. Et avoir le sentiment que la confiance a été trahie.
Cependant, aimer et faire confiance ne sont pas nécessairement synonyme dans la subjectivité de chacun. Et la confiance mutuelle est une donnée variable selon les couples.
Quoi qu’il en soit, la plupart des personnes s’entendent sur le fait que l’infidélité constitue  une « infraction » (que la situation soit jugée grave ou non) et une transgression du contrat tacite du couple qui va fragiliser la relation.

Quelles que soient les raisons qui ont conduit à l'infidélité, pour le partenaire qui en est victime, cela représente généralement un bouleversement émotif terrible. L'amour-propre, l'Ego, l'estime de soi sont ébranlés. On se sent trahi(e). La représentation de l'autre et du couple sont atteints.
 On choisit généralement son partenaire car il comble notre besoin de gratification et nous renvoie une bonne image de nous-même. Or, lorsqu'on apprend tout à coup qu'il (ou elle) nous trompe, c'est tout un édifice qui s'écroule. Il nous est difficile d'admettre qu'on s'est trompé sur notre partenaire. Celui que l'on pensait idéal ou qui nous semblait tout au moins correspondre à nos attentes se révèle tout à coup, un autre. La prise de conscience est rude. C'est notre personnalité toute entière qui est remise en question. On s'en veut parfois d'avoir été si peu clairvoyant(e), de n'avoir pas su détecter les signes avant-coureurs, de ne pas s'être montré à la hauteur des attentes de notre partenaire, de n'avoir pas su préserver son amour. Choc, incrédulité, honte, sentiment de culpabilité, trahison, dégoût, colère, détresse, toutes ces émotions sont normales. Ces étapes sont mêmes nécessaires pour nous aider à franchir ce qui s'apparente à un deuil : le deuil d'un idéal du couple.

Mais même si la fêlure narcissique ne se referme jamais définitivement, tous les couples ne se séparent pas pour autant après un épisode extra-conjugal. Bien que cette situation soit particulièrement douloureuse, elle constitue aussi pour le couple l'occasion d'une prise de conscience et la possibilité de s'interroger sur la relation. Comprendre le sens de cette infidélité est donc essentiel. La relation extra-conjugale est bien-souvent  l'expression de manques, de frustrations, de problèmes que l'on a jusque là, ignorés ou choisi volontairement d'éluder, de difficultés spécifiques rencontrées à deux. Chacun a donc une part de responsabilité dans cette affaire. Même si responsabilité ne signifie pas culpabilité. (On a toujours en effet, à notre disposition, d’autres moyens moins extrêmes que le passage à l'acte pour exprimer son malaise)
Une fois le tsunami passé, si chacun des partenaires souhaite reconstruire le lien de complicité et se réengager dans le couple (à la condition bien-sûr que le partenaire ait mis fin à la relation extra-conjugale et que le conjoint ait pardonné cet écart de conduite), le travail à effectuer est bien un travail à deux. Même si à certains moments, on peut avoir le sentiment d'être dans l'ambivalence (s'arrêter là ou continuer?) et être traversé par des émotions contraires, il est primordial de restaurer le dialogue. Il est important que chacun puisse dans un premier temps, évoquer sa souffrance, son malaise, sa culpabilité. Accepter de laisser s'exprimer la douleur, s'autoriser à laisser sortir l'agressivité, la colère, va permettre de soulager les tensions internes et les émotions négatives de sorte qu'elles cessent de grignoter de l'intérieur.
Cela va nécessairement vous amener à parler de ce qui s'est passé et ça ne sera pas facile. Peut-être que chacun aura envie d'oublier très vite cette histoire et passer à autre chose. Pour autant, pour que la confiance revienne, il est important que toute la lumière soit faite sur le sujet. En parler sincèrement vous évitera de revenir continuellement sur cette question et évitera que la rancœur et les non-dits s'installent sourdement et durablement. Cela ne vous empêchera pas d'avoir probablement besoin de revenir de nombreuses fois sur ce sujet. Attention, si vous êtes tentés de dissimuler une partie des informations importantes (même dans le souci de protéger l'autre), vous ne ferez que reproduire cette pratique du mensonge qui est déjà à la source du problème.  Pour autant, n'exigez que les détails dont vous avez vraiment besoin pour vous reconstruire et non ceux qui auraient pour seule conséquence de vous faire souffrir et de venir vous polluer l'esprit continuellement. Quoi qu'il en soit, la sincérité est à la base d'une relation solide. Elle ouvre la voie au retour à la confiance et va permettre de repartir sur des bases nouvelles même si cela n'empêche pas les moments de doute.
Une fois la rancœur et la souffrance exprimée et toute la lumière faite sur cette histoire, le moment est venu de comprendre comment l'infidélité est arrivée dans votre couple, quels sont pour chacun, les manques que vous avez pu identifier. Qu'est-ce qui dans l'histoire de votre couple vous a conduit à ce passage à l'acte ? Ennui,  sentiment d'usure de la relation,  manque de tendresse,  difficulté à communiquer ensemble, une sexualité trop routinière,  parfois aussi la peur de vieillir, le besoin de se revaloriser, etc. de nombreuses raisons peuvent amener l'un ou l'autre des partenaires à déserter la relation. Certaines de ces raisons sont inhérentes au couple. Parfois encore, les problèmes sont avant tout à régler avec soi-même. Ces causes identifiées, chacun va pouvoir redéfinir ses attentes par rapport à la relation. On ne pourra pas bien-sûr, oublier cet épisode douloureux mais il importe maintenant de se focaliser sur le présent. La guérison va prendre du temps pour la personne blessée. Il ne faut pas oublier que la confiance a été grandement ébranlée. On devient plus méfiant après ça. Reconstruire la confiance pas à pas, va demander un effort de tous les jours. La personne à l'origine de la relation extra-conjugale va donc devoir s'armer de patience envers son conjoint. Il lui faudra redoubler d'efforts pour rassurer, réconforter encore et toujours.

Ce coup de canif dans le contrat est  pour les partenaires, l''occasion de faire leur bilan de couple ; bilan à l'issue duquel, ils pourront choisir de se ré-engager à nouveau l'un envers l'autre s'ils le souhaitent. Si tel est le cas, aussi pénible aura été cette expérience, elle aura permis de redéfinir le couple sur des bases plus saines et plus solides. N'hésitez pas à poser des actes pour symboliser ce ré-engagement et sceller ce nouveau départ. A chacun de trouver ceux qui feront sens pour leur couple.
L'infidélité peut alors devenir le ciment d'une relation plus forte.


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Et pour aller plus loin, si ce sujet vous intéresse :

« Infidélité et après ? Trouver sa réponse sans se détruire ou tout détruire » - Don David Lusterman  Interéditions – 2002 -

« Comment te faire à nouveau confiance ? » Andrew Marshall – MaraboutPsy - 2010

 «Est-ce que tu m'aimes encore ? Se reconstruire après l'infidélité » - Christophe Fauré -
Albin Michel - 2013 - 230 p - 15 €



Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble

cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48