Dès le premier regard, vous l’avez reconnu(e). C’est sûr,
c’est lui, c’est elle. C’est une évidence. Et puis, votre corps, votre
baromètre émotionnel ne vous raconte pas d’histoire : vous avez
l’impression d’avoir des papillons dans le ventre, votre rythme cardiaque
s’affole, une douce sensation de chaleur parcourt votre corps, vous transpirez.
Vous ne vous contrôlez plus. Vous êtes complètement hypnotisé(e)...
Si oui, c’est sans doute que, comme un peu plus d’un
français sur deux, vous avez été (ou peut-être l’êtes-vous en ce moment ?)
frappé par un coup de foudre, cette étrange décharge électrique que n’importe
qui peut ressentir à un moment donné de sa vie lors d’une rencontre inopinée
avec un(e) parfait(e) inconnu(e).
Le coup de foudre : mythe ou réalité ? Les avis
sont partagés mais pour ceux qui l’ont déjà vécu, cela ne fait aucun doute. Selon
un sondage IPSOS de 2012, près de trois quarts des français croient à ce flash
amoureux et 51,7 % affirment l’avoir déjà vécu.
Comment faire alors la distinction entre une simple
attirance physique ou un amour débutant et un véritable coup de foudre ?
Ce qui caractérise le coup de foudre, c’est sa soudaineté.
L’effet de sidération court-circuite en effet, toutes les étapes de l’approche
classique de la découverte de l’autre.
Comme
le stipule Alain Delourme, Docteur en Psychologie : « Le coup de
foudre est un choc « spéculaire », c.à.d. qu’inconsciemment, chacun
des partenaires croit se trouver en relation avec un autre lui-même, un jumeau,
une image idéalisée de lui ». Et c’est bien là, le danger : les
manifestations physiologiques et psychologiques du coup de foudre nous portent
à croire encore plus fort à l’illusion de l’accord parfait. Nous avons le
sentiment d’avoir été frappé par la magie infaillible du Destin. Nous étions
prédestinés à cette rencontre. C’est comme si tout à coup, nous nous trouvions
en face de notre âme-sœur, la pièce de puzzle qui nous manquait pour être
complet.
Attention,
le véritable amour démarre rarement par
cet état envoûtement. Dans ces conditions, le travail de distanciation
nécessaire à toute rencontre ne peut pas se faire. L’image du partenaire est
tellement idéalisée que cette attirance semble peu compatible avec un amour
ordinaire et mature qui se nourrit du quotidien et du partage d’un projet de
vie. Cet envoûtement inexpliqué nous permet néanmoins de donner un peu de sens
à quelque chose qui nous submerge tout à coup, que l’on ne comprend pas et
surtout que l’on ne contrôle pas.
Si l’on en croit les études scientifiques qui ont été faites
sur ce sujet, il semblerait que la foudre ne frappe pas tant que ça au hasard,
voire qu’elle nous tombe plus volontairement dessus lorsque nous sommes plus
fragiles.
L’imaginaire collectif se représente volontiers le coup de
foudre comme l’effet de Cupidon décochant sa flèche en plein cœur. Or, il
semblerait que le coup de foudre ait plus à voir avec le cerveau qu’avec le
cœur… Il s’avère en effet, qu’au moment du coup de foudre, nous sécrétons deux
substances chimiques : la dopamine et l’endorphine. La dopamine, hormone
du plaisir nous pousse à l’action. Ce passage à l’acte est récompensé par la
libération d’endorphines qui a un effet euphorisant et qui entraine un état de
bien-être. Ce duo infernal « dopamine/endorphine » met en place ce
que l’on appelle « les circuits de récompense » : plus les
passages à l’acte nous procurent du bien-être, plus nous avons besoin d’y
revenir, un peu comme une drogue.
Revenons, par ailleurs, à ce qui s’est passé dans notre
prime enfance. Bébé, nous avons appris à identifier ce qui nous procurait du
plaisir : la voix de notre mère, son regard, son odeur, son contact
physique, etc. Ces expériences sensorielles précoces ont mis en place les circuits de la récompense. Si, une fois
adulte, nous nous trouvons au contact d’une personne qui nous renvoie les mêmes
signaux que ceux que l’on a connus bébé et qui nous rappellent notre mère,
alors le circuit de la reconnaissance est réactivé ; d’où le sentiment de
« déjà vu » que beaucoup décrivent dans le coup de foudre.
La plupart des psychanalystes adhèrent à l’idée que le coup
de foudre nous amène à revivre cette expérience de plaisir et ce sentiment de
complétude initial à travers cette reconnexion inconsciente. Je citerais pour
cela Elsa Cayat (Psychiatre et Psychanalyste assassinée le 7 janvier 2015 lors
des attentats de Charlie Hebdo) : « L’autre nous touche car,
soudainement il nous apporte ce qui nous manque. Et comme nous n’en avons pas
conscience, l’autre est déifié ». Ainsi, au risque de paraître peu
romantique, le coup de foudre s’expliquerait par des mécanismes à la fois
neurobiologiques et psychiques.
Dans ces conditions, le coup de foudre peut-il donner
naissance à une relation durable ? Sachant à quel point on a surinvesti
l’autre dans cet élan passionnel… Passé en effet, ce phénomène de « lune
de miel », au fur et à mesure qu’on apprend à connaitre l’autre, la danse
des hormones se ralentit et est peu à peu remplacée par une autre molécule
« l’ocytocine », qui est l’hormone de l’attachement qui va vous permettre de nouer une relation
plus durable.
Le quotidien reprend peu à peu ses droits. A un moment donné
ou un autre, on va irrémédiablement se retrouver face à la réalité. Le coup de
foudre est d’une telle violence sur le plan émotionnel que la prise de
conscience de l’illusion est parfois bien douloureuse…On réalise alors que ce
qui fait qu’on a succombé à l’envoutement n’était qu’une partie de ce qui
caractérisait le partenaire. C’est en se
confrontant à cette réalité et uniquement à cette condition, qu’on va enfin
pouvoir aller à la rencontre de la vraie personne, qui se cache derrière le
personnage que nous avons idéalisé.
En attendant, il est recommandé de garder la tête froide en
se gardant de toute décision radicale et irréversible, sans quoi le réveil
risque d’être brutal.
Vous l’avez compris, le coup de foudre n’est pas une
rencontre amoureuse ordinaire. Lorsqu’il nous tombe dessus, nous avons tendance
à griller toutes les étapes classiques de la découverte de l’autre, tant nous
sommes convaincus d’avoir rencontré l’âme-sœur. Attention dans cet état
d’euphorie, à ne pas vous couper du monde, et dans la précipitation, à prendre
des décisions qui pourraient impliquer lourdement votre avenir.
Prenez une pause, le temps d’une respiration, avant de
partir à la découverte de celui ou celle qui fait vibrer votre cœur !
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Vidéo Arte: pourquoi tombe-t-on amoureux de telle ou
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- Vidéo E=M6: les mécanismes de l'amour décryptés
par la science.
Et au cinéma :
·
« Coup de foudre à Notting Hill » -
Comédie-Romance – 1999 – Durée : 2 h 03
« Sur la route de Madison » -
Drame-Romance – 1995 – Durée : 2 h 15
Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48
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