vendredi 31 mai 2013

L'hypersexualisation des petites filles

Vernis à ongle, talons hauts, sacs à mains, soutiens-gorge taille 8 ans, shooting photos, concours de mini-miss...

Phénomène anglo-saxon, l'hypersexualisation des petites filles à des fins commerciales a gagné peu à peu notre société.

Ne nous trompons pas de combat  : il faut différencier en effet,la petite fille qui, pour jouer va piquer le rouge à lèvre ou les chaussures à talon de sa maman pour l'imiter, des marques de vêtements qui commercialisent à leur intention, strings et autres soutiens-gorge rembourrés...

En reproduisant les stéréotypes féminins contre lesquels nous nous sommes si longuement battues, les marques ont bien compris que nos petites filles constituent un marché juteux. En les incitant à adopter un look hyperséducteur en leur vendant des articles longtemps réservés au monde des adultes (mis en scène parfois avec des pauses suggestives), c'est un peu comme s'il y avait une autorisation, voire une incitation sociale, relayée par les médias, à regarder ces enfants comme des objets de fantasmes.
Le flux continu d'images que voient nos petites filles à la télévision et sur internet les rend souvent très anxieuses quant à leur apparence et ceci de plus en plus jeunes. Elles sont d'ailleurs deux fois plus nombreuses que les garçons au même âge à pratiquer l'automutilation ou a être victimes de troubles du comportement alimentaires. Très sensibles à l'image qu'elles véhiculent, elles sont plus que jamais la cible d'un marketing du corps et de la séduction au risque de développer un narcissisme à outrance.

Le problème, c'est qu'il y a un gouffre entre l'apparence physique et la maturité réelle de ces fillettes hypersexualisées. Pas sorties encore du domaine de l'enfance, elles sont déjà amenées à endosser des comportements d'adulte dont elles n'ont pas les codes et s'exposent alors à un réel danger  ; n'étant pas à même de comprendre qu'elles s'offrent comme un objet sexuel.

Conscients de cette dérive, il appartient aux parents d'instaurer le dialogue avec leurs jeunes filles pour les mettre en garde face à ces comportements. Elles ont besoin de modèles féminins forts pour leur expliquer qu'elles sont bien trop jeunes pour tenir ce rôle de séductrices et que la séduction n'est qu'une représentation limitée de la féminité.
Le père joue lui aussi un rôle crucial dans le sens où il peut aider sa fille à développer son estime de soi. Il est la première figure masculine dans sa vie. Il constitue en cela le référent à travers lequel elle comprendra l'importance de se faire respecter.
Il est important que les parents puissent opposer aux valeurs hédonistes véhiculées par la société (plaire, séduire, se faire plaisir) d'autres valeurs basées sur le respect. A vous de leur faire comprendre que l'exhibition est assez antinomique avec le respect de soi qui passe par la discrétion et l'intimité pour se construire. Il est en effet de notre responsabilité à nous parents, de permettre à nos enfants de développer une contre-culture.

Mais l'hypersexualisation ne concerne pas que les petites filles. On parle alors d'hypermasculinisation  chez les petits garçons confrontés à d'autres stéréotypes tels la virilité à outrance  ; c'est une autre forme de machisme.

L'université du Québec à Montréal a lancé en 2009, un programme intitulé  : «  Outiller les jeunes face à l'hypersexualisation  » avec des sites internet, des ateliers, etc.. L'objectif était de sensibiliser l'opinion à l'érotisation trop précoce des filles et proposer des pistes d'action et de réflexion.

En 2012, Chantal Jouanno, sénatrice UMP a élaboré un rapport parlementaire sur l'hypersexualisation des petites filles afin de considérer comment mettre un terme à ces dérives.


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Et pour aller plus loin si ce sujet vous intéresse  :
Rapport parlementaire de Chantal Jouanno édité en mars 2012  : «  Contre l'hypersexualisation  : Un nouveau combat pour l'égalité  ».



Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
cattaneo.patricia@gmail.com
06 14 76 05 48