Le 5 novembre a eu lieu la 2è journée nationale de lutte
contre le harcèlement scolaire organisée par le Ministère de l’Education
Nationale. Cette journée s’inscrit dans le cadre d’une campagne de
sensibilisation articulée autour d’un site internet dédié.
Chaque année, de 700 000 à 1 million d’enfants (soit 10
% à 15 %) sont victimes de violences verbales ou physiques à l’école. L’étude
de Catherine Blaya, Professeure en Sciences de l’Education et Présidente de
l’Observatoire International de la Violence à l’Ecole, parue en 2013 va même
plus loin en révèlant que 42 % des élèves interrogés au collège auraient été
victimes de cyberviolences et 6 % de cyberharcèlement. Il faut savoir, par
ailleurs, que 22 % des élèves harcelés n’en parlent à personne et que 60 % des
élèves harcelés disent avoir eu des idées suicidaires.
« Un élève est victime de harcèlement lorsqu’il est
soumis de façon répétée et à long terme à des comportements agressifs visant à
lui porter préjudice, le blesser ou le mettre en difficulté de la part d’un ou
plusieurs élèves. Il s’agit d’une situation intentionnellement agressive,
induisant une relation d’asservissement psychologique, qui se répète
régulièrement. » (Dan Olweus, professeur de psychologie à l’université de
Bergen en Norvège, à l’origine du concept de harcèlement scolaire dans les
années 1970)
Ces comportements agressifs peuvent revêtir plusieurs
formes : bousculades, claques, dégradations d’affaires personnelles, racket,
vol, moqueries, propos injurieux, rumeurs, mises à l’écart, de la part d’un ou
plusieurs élèves contre une victime qui ne peut se défendre. Avec l’arrivée
d’internet le harcèlement sort du cadre de la cour de récréation et du temps
scolaire, et s’invite à l’intérieur de la famille, jusque dans la chambre de la
victime. Le téléphone portable et les
réseaux sociaux accélèrent ce phénomène. Les commentaires injurieux et les
menaces en tous genres ne connaissent plus de limites. Les rumeurs se propagent
comme une trainée de poudre. L’enfant n’est plus à l’abri nulle part. Un seul
clic suffit à transformer sa vie en véritable cauchemar.
Il n’y a pas réellement de profil-type de harceleur ou de
harcelé même si l’on constate que l’un comme l’autre ont un profil
psychologique fragile. Une fois sur deux, le harceleur a été lui-même
victime.On remarque également que le harcelé n’a souvent pas un réseau d’amis
très développé sur lequel il pourrait compter pour le soutenir face à cette
agression.
Le harcèlement se nourrit de la différence ou de la
vulnérabilité repérée par un harceleur chez une potentielle victime.Tout
devient alors prétexte à la discrimination. Le plus souvent le meneur est un
garçon pour les violences physiques et une fille pour la propagation de
rumeurs, insultes, etc.
Le harcèlement est un phénomène de groupe mettant en scène
un leader et des spectateurs actifs ou « sympathisants » parfois en
admiration, fascinés devant le harceleur et qui cautionnent son attitude
(rires, encouragements) ; et des spectateurs passifs qui feignent
d’ignorer la situation (et par là-même valident l’attitude du harceleur),
soulagés de ne pas être à la place de la victime…
Les enfants victimes de harcèlement ont tendance à s’emmurer
dans le silence par peur des représailles mais aussi par sentiment de honte.
Les adolescents en particulier ont du mal à en parler autour d’eux et préfèrent
essayer de s’en sortir seuls de peur de passer pour un(e) faible aux yeux de l’agresseur
et de renforcer encore le phénomène. Mais par ce silence, ils donnent libre
cours à leurs agresseurs en les autorisant à continuer à œuvrer en toute
impunité.
Les conséquences du harcèlement sont nombreuses et variées,
allant de la perte de confiance en soi, en passant par des troubles physiques
ou psychologiques divers, jusqu’à la dépression, voire même, cas extrême,
jusqu’au suicide. On estime que 3 ou 4 enfants se donnent la mort chaque année
suite à des problématiques de harcèlement scolaire.
Le harcèlement entraine un isolement relationnel pouvant
conduire à une vulnérabilité sociale future. Il entraine également une
indisponibilité sur le plan psychique qui va induire une baisse de performance
pouvant aller jusqu’à l’échec scolaire. L’enfant peut même parfois être sujet à
une véritable phobie scolaire. Sur le plan physique, les effets peuvent se
traduire par des troubles du sommeil, des troubles du comportement alimentaire,
des troubles anxio-dépressifs divers (tics, repli sur soi, état dépressif). Attention à ne pas confondre et attribuer un
peu trop rapidement ce changement d’attitude aux effets d’une
« banale » crise d’adolescence. Face à un changement un peu trop
radical de comportement, il y a lieu de s’interroger. Parfois le harcèlement
scolaire peut se révéler une véritable bombe à retardement dont les effets,
notamment un comportement dépressif, peuvent se faire sentir longtemps après en
avoir été victime.
Pour combattre le harcèlement scolaire, commençons par
mettre à plat dans un premier temps, un certain nombre d’idées reçues.
Lorsqu’on se trouve face à une intentionnalité agressive qui se répète
régulièrement et s’installe dans le temps, on ne peut plus parler de simples
querelles d’enfants. Les conséquences pour l’enfant qui subit cette forme de
violence sont trop graves. En tant que parents, on ne peut pas se contenter de
dire que ce qui se passe dans la cour de récréation ne nous regarde pas. Il ne
faut jamais banaliser la violence. Si l’on ne prend pas en considération les
propos de l’enfant, on le condamne au silence. Pour autant, intervenir
directement auprès du harceleur ou de ses parents risque d’être une idée
contre-productive et pourrait même engendrer une aggravation de la situation.
Si tout porte à croire que votre enfant est victime de harcèlement scolaire,
mieux vaut commencer par le signaler à l’école (collège-lycée) puis faire
intervenir un tiers qui servira de médiateur-référent entre le harceleur et
votre enfant, voire entre les deux familles pour résoudre le problème.
Une autre idée reçue serait de penser que le harcèlement se
cantonne à certains établissements dits « défavorisés ». Or, même si
le risque se trouve légèrement augmenté, tous les milieux sociaux sont concernés
par ce phénomène.
Comment mettre fin au harcèlement scolaire ?
Le premier point consiste à nommer ce phénomène pour libérer
la parole. Inviter le sujet harcelé à parler, c’est le sortir de l’isolement
dans lequel il est emmuré.
Diffuser largement le n° de téléphone 3020, (numéro
gratuit et anonyme, joignable du lundi au vendredi, de 9 heures à 20 heures
ainsi que le samedi de 9 heures à 18 heures) pour toutes les victimes qui
souhaitent sortir du silence et n’osent pas révéler à leurs proches le
harcèlement dont elles sont victimes.
Dans le cadre du plan de prévention « Non au
harcèlement » un travail de sensibilisation et de formation est mené dans
les établissements scolaires sur le harcèlement scolaire et ses conséquences.
Un guide spécifique a été adressé à chaque chef d’établissement. Des protocoles
adaptés sont mis en place pour les classes Primaires, au Collège et au Lycée.
Il prévoit par ailleurs, les modalités de traitement du harcèlement entre
élèves sur internet dans le cadre de la signature d’une convention entre le
Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et de la vie associative et
e-enfance. (L’association e-enfance œuvre contre le cyberharcèlement)
Savoir écouter au-delà des mots : Tout changement
brutal de comportement (repli sur soi, agressivité, tendance à l’isolement),
baisse significative des résultats scolaires, retards systématiques,
absentéisme répété, doit vous alerter et vous amener à vous demander si votre
enfant n’est pas victime de harcèlement à l’école. Les conséquences sur
l’équilibre psychique des élèves victimes de harcèlement peuvent être graves
et laissent parfois des traces à vie. Que
vous soyez victime de harcèlement, auteur, témoin, parent de victime, osez
briser le silence. Des solutions existent. En parler est le premier pas pour
mettre un terme au harcèlement scolaire.
Articles qui peuvent vous intéresser :
- Surmenage des enfants : Burnout
- Education et Autorité : poser des limites, se faire obéir
- L’hypersexualisation des petites filles
Et pour aller plus
loin si ce sujet vous intéresse :
- Bibliographie « Enfants et Adolescents »
« Maternelles »
La lapindicite
Christine Naumann-Villemin, Kaleidoscope de
l’école des loisirs, 2014.
Depuis quelque temps, Ignace se plaint
de maux de ventre. Parfois, les douleurs sont si fortes qu'il doit quitter sa
classe pour aller se reposer dans une autre salle. Appelée d'urgence par la
maîtresse, la maman du petit lapin emmène son petitchez le médecin qui ne lui
trouve rien.
Les jours suivants, sur le chemin de
l'école, les douleurs reprennent de plus belle au moment où Ignace aperçoit
Hannibal la canaille, la terreurdu préau. C'est en jouant avec son père
qu'Ignace parvient enfin à s'alléger du poids qui lui pèse sur l'estomac.
« Elémentaire »
B.D. : Lili est harcelée à
l’école
Dominique de Saint Mars, Calligram,
2012.
Valentine et ses copines ont trouvé
un nouveau jeu : se moquer de Lili et l’humilier. Ce livre parle du harcèlement
à l’école, de la violence des mots. Il montre qu’il ne faut pas se laisser
faire et en parler. Faire souffrir, ce n’est pas unjeu.
« Collège »
L’enfer au collège
Arthur Ténor, Milan, 2012.
Gaspard, un jeune collégien de 11
ans, fait sa rentrée dans un nouveau collège. Anthony, l’un des garçons de sa
classe décide aussitôt d’en faireson souffre-douleur, juste pour rigoler, parce
qu’il aurait « une tête claque », autrement dit de gentil, de premier de la
classe. La vérité, c’est que Gaspar est un enfant sensible, réservé, curieux.
Le cauchemar commence par l’intrusion forcée du tortionnaire dans sa vie,
parles plaisanteries d’un goût douteux, puis cela dégénère.
De la rage dans mon cartable
NoémyaGrohan, Hachette témoignages,
2014.
Quand une expérience de vie
traumatisante se transforme en devoir de témoigner et de s'engager. Durant ses
années de collège, Noémya a subi tout ce qui fait le quotidien des élèves
harcelés : les brimades régulières, l’isolement systématique, le poids de la
honte, les reproches faits à soi-même de ne pas avoir su réagir aux attaques,
l’indifférence du monde enseignant, la perte progressive de confiance, la
tentation de tout casser et, combien de fois ! l’envie d’en finir avec cette
vie de souffrance.
Ma réputation
, Gaël Aymon, Actes sud, 2013.
Laura, 15 ans, préfère la compagnie
des garçons, celle de Jimmy, Sofiane et Théo. Les mimiques travaillées, les
soirées filles, c’est pastrop son truc. Mais lorsqu’elle repousse les avances
de Sofiane, ses amis lui tournent le dos etLaura se retrouve isolée et
vulnérable. Seule en cours, seule au self, seule dans les couloirs. Les pires
ragots circulent à son sujet sur les réseaux sociaux, la rumeur enfle et
l’isolementde Laura grandit. Jusqu’à sa rencontre avec Joséphine, élève
solitaire et marginale comme elle,qui va l’aider à relever la tête et à
dénoncer le harcèlement dont elle est victime
Harcèlement
Guy Jimenes, Oskar éditeur, 2011.
Valentin est seul. Seul dans un
collège où aucun professeur, aucun éducateur ne s'est aperçu de sa souffrance.
Seul dans une classe où tous les élèves savent, mais ne disent rien. Seul face
à la violence sournoise de celui qui aurait pu êtreun ami... Comment se
défendre alors, quand on a perdu tout espoir, comment s’en sortir quand on a
perdu le goût de vivre ?
« Et pour les parents »
• « Harcèlement et brimades entre élèves – La Face cachée de la violence
scolaire » - Jean-Pierre Belon et Bertrand Gardette-
Fabert – 2010 – 210 pages – 20 €
- « Marion, 13 ans pour toujours » - Nora Fraisse - Calmann-Lévy – 2015 – 192 pages -
- « Le harcèlement » – Nicole Catheline – Que sais-je – 2015 – 128 pages –
Filmographie :
- · « Moi Marion, 13 ans pour toujours » - Téléfilm – D’après le récit de Nora Fraisse, Maman de Marion qui a mis fin à ses jours le 23 février 2013 suite au harcèlement scolaire dont elle était victime.
- « Respire » - Film de Mélanie Laurent – sur le harcèlement scolaire – 2014 – 1 h 32 –
- · Le harcèlement scolaire : Témoignages divers parus dans l’émission « Télé Matin », « Le monde en face » et « Envoyé spécial » - A revoir sur internet en cliquant ICI
- Vendredi 22 septembre 2017 : L.C.P. - 00 h30 - Documentaire "Le harcèlement à l'école" (L'école, lieu de violence ordinaire) - Durée : 80 mn.