La grossesse est un moment de fragilité émotionnelle pour la
femme qui peut créer un véritable raz-de-marée sur le plan psychologique. Ce
moment si particulier représente une crise identitaire et de maturation psychique
pour celle qui est appelée à devenir mère.
On assiste parfois, à une
réminiscence d’émotions passées, d’affects douloureux et de conflits latents,
non résolus. De plus, le bouleversement hormonal aura tendance à exacerber les
émotions. Mais la grossesse peut être une période de vulnérabilité et de
fragilité pour le futur père également ; la projection dans la paternité
peut engendrer des réminiscences de ses propres problématiques.
Cet état psychique singulier pour chacun n’est pas sans
conséquences sur le couple, au sein duquel les conflits auront parfois tendance
à être amplifiés en raison de l’état émotionnel généré par la perspective de
cette naissance. Il se peut que les sujets de discordes existaient déjà au sein
du couple avant la grossesse. Mais parfois, la perspective concrète d’un enfant
à naître, fait émerger de nouveaux sujets de conflits, des doutes et des
remises en question. Il se peut alors que la séparation soit envisagée comme la
seule issue possible. Même si ce choix est inéluctable, cela va nous confronter
au douloureux deuil de la famille idéale centrée autour du père, de la mère et
de l’enfant. Et cela va surtout engendrer un stress important chez la future
maman, et qui risque même, de générer des perturbations du point de vue
biologique chez l’enfant.
Toute rupture amoureuse est déjà difficile à vivre en temps
normal. Mais vivre une séparation tout en étant enceinte amplifie encore la
douleur. L’enfant attendu devient d’emblée quant à lui, un enfant de
« parents séparés ». Même si, quoi qu’il en soit, les deux
partenaires resteront les parents de cet enfant à naître. Il s’agit, en effet,
de bien différencier le couple amoureux que vous formiez et le couple parental.
Si la rupture fait l’objet d’une décision commune, on peut
imaginer que chacun mettra tout en œuvre pour accueillir du mieux possible
l’enfant, même s’il est acté que celui-ci ne vivra pas avec ses deux parents
biologiques et qu’il n’y a plus de projet commun en tant que couple.
Mais la décision de séparation est rarement le fruit d’un
choix concerté.
Lorsqu’un couple se sépare durant la grossesse, toute
l’attention est habituellement centrée sur la mère. Cela peut paraître
« normal » car c’est elle qui porte l’enfant, première source
d’attention et de préoccupation. Or, même si le futur père n’est plus le
compagnon, dans l’intérêt de l’enfant à naitre, il a des droits à faire valoir
et des devoirs à assumer.
Que dit la loi ?
Tout d’abord, comme l’indique l’article 312 du Code Civil, à
la naissance de l’enfant, la loi s’appuie sur le principe de présomption de
paternité. Ce qui signifie que le mari de la mère est présumé père de l’enfant
conçu pendant le mariage. Si le père conteste cet état de fait, la future mère
a la possibilité d’intenter une action de recherche de paternité au moyen d’un
test ADN. Si la filiation génétique est prouvée, le futur père a alors le
devoir de reconnaitre l’enfant et de lui apporter une assistance financière. Il
faut savoir que s’il refuse de se soumettre au test ordonné par le juge, il
sera automatiquement condamné à reconnaitre l’enfant et devra prendre en charge
la pension alimentaire.
Mais à l’inverse, si toute communication est rompue avec la
mère, il est également possible pour le futur père de faire seul, la démarche
de reconnaissance de son enfant avant la naissance. Il lui suffit pour cela, de
faire une déclaration à l’Etat Civil de la Mairie. En aucun cas, la mère ne
peut s’opposer à la reconnaissance, elle n’a pas non plus à donner son accord
ou son autorisation. Le père dispose alors d’un droit de visite et
d’hébergement de l’enfant que la mère ne peut refuser, sauf cas exceptionnels.
Il arrive que certains hommes se trouvent soudain effrayés
par la perspective de la paternité et ne trouvent d’autre choix que de fuir
littéralement le domicile conjugal. La future mère risque de vivre cela comme
un véritable acte d’abandon. Dans ce moment de grande vulnérabilité, le risque
est que cette séparation entraine une blessure narcissique. Les projections
fantasmatiques ne sont plus les mêmes. Cela peut même générer, en plus de la
colère et de la tristesse, de la culpabilité à l’idée de n’avoir pas su choisir
un père « qui assure ». Le risque est alors pour la mère, de
désinvestir ou de surinvestir sa grossesse. La tentation peut être grande
également, sous l’effet de la colère, de vouloir retenir l’enfant pour soi et
ne laisser aucune place au futur père. Même si cela semble difficile, il faut
prendre garde à ne pas faire de cet enfant, l’enjeu qui permettra de régler le
contentieux avec votre ex. L’important sera au contraire, de tout mettre en
œuvre pour maintenir l’équilibre de cet enfant et le lien avec son père, de
sorte que, même séparés, les deux parents soient présents pour assumer la
responsabilité de la parentalité du mieux possible.
Il est important de ne pas rester seule/seul face à cette
situation. Il ne faut pas hésiter à solliciter votre entourage. Vous pourrez
probablement compter sur la présence de vos ami(e)s, de votre famille pour vous
aider d’un point de vue logistique. Ne restez pas enfermé(e) dans votre
peine : vous pouvez vous confier à votre sage-femme qui vous accompagnera
tout au long de cette grossesse. Echanger sur votre vécu avec d’autres futures
mères et pères au cours des RV de préparations à la naissance. Ou en rencontrant
d’autres femmes et hommes seuls dans des associations dédiées.
Vous pouvez également solliciter l’aide d’un thérapeute pour
communiquer sur cette séparation. Il sera là pour vous aider à surpasser les
émotions négatives : peur, tristesse, colère, rancœur, que vous pouvez
être amenée à ressentir afin de pouvoir aborder plus sereinement cette
grossesse, l’accouchement et l’accueil de votre bébé.
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Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
06 14 76 05 48
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cattaneo.patricia@gmail.com